L'armée nigériane a reconnu que les rebelles, affiliés au groupe Etat islamique en Irak et en Syrie, disposaient de telles armes.
"Le haut-commandement militaire a découvert que les terroristes de Boko Haram utilisaient ces instruments létaux", visant "des colonnes de véhicules, des marchés, des lieux de cultes ou des troupes", a déclaré récemment le porte-parole du Quartier général de la Défense nigérian Rabe Abubakar, précisant que des caches de ce type d'armes avaient été découvertes récemment dans l'Etat d'Adamawa, dans le nord-est du pays.
D'après les photographies postées sur le compte Twitter du Quartier général de la Défense nigérian, les sous-munitions retrouvées par l'armée proviennent de bombes BLG-66 de fabrication française, a indiqué l'organisation Cluster Munition Coalition (CMC), qui milite pour l'éradication des bombes à fragmentation et a révélé l'information.
"Il est possible qu'ils (Boko Haram) se soient procuré (ces armes) à partir des stocks de l'armée nigériane", a estimé le directeur du CMC Megan Burke.
Les bombes à fragmentation sont interdites par une convention internationale depuis 2010, car particulièrement meurtrières pour les populations civiles. Il s'agit de bombes larguées d'avion ou tirées au canon, qui libèrent à basse altitude des centaines de charges explosives qui dévastent une large zone. Le Nigeria a signé mais pas ratifié cette convention.
Le Nigeria a déclaré posséder des vieux stocks de bombes à fragmentation britanniques BL-755.
Boko Haram ne dispose pas d'avions, mais ses militants ont démantelé des bombes pour récupérer les sous-munitions et les utiliser pour équiper des kamikazes avec des vestes d'explosifs, pour des voitures piégées, ou des engins explosifs explosant au passage d'un convoi, selon l'expert Bob Seddon, ancien de l'armée britannique.
Ces bombes pourraient aussi provenir de stocks de l'armée libyenne, selon cet expert.
Boko Haram, qui mène une insurrection dévastatrice dans le nord-est du pays depuis 2009, a multiplié ces derniers mois les attentats-suicides et les attaques, tuant au moins 1.600 personnes depuis début juin au Nigeria et aux pays voisins, selon Amnesty International.
Un double attentat-suicide a ainsi frappé dimanche l'Extrême-Nord du Cameroun, tuant au moins neuf personnes, au lendemain d'un triple attentat au Tchad qui a fait 37 morts.
Avec AFP