Le chef de l'Etat a "ordonné la suspension" de l'un de ses plus proches collaborateurs, le secrétaire général du gouvernement David Babachir Lawal, et l'ouverture d'une enquête sur de possibles "attributions de contrats en violation de la loi et des procédures régulières", selon un communiqué du porte-parole de la présidence, Femi Adesina.
L'an dernier, le Sénat avait réclamé la démission du secrétaire général du gouvernement, l'accusant de complicité dans des détournements de fonds destinés à l'aide humanitaire dans le nord-est du pays, région ravagée par l'insurrection jihadiste de Boko Haram depuis huit ans.
Selon un rapport d'une commission sénatoriale ad hoc, des contrats ont été attribués à des sociétés appartenant à des proches de hauts responsables gouvernementaux, notamment Rholavision Engineering Limited, dirigée par M. Lawal, qui s'est vue attribuer un contrat de prestation de service dans l'Etat de Yobe.
Parallèlement, le président Buhari a "ordonné une enquête approfondie" après la saisie, à la mi-avril dans un appartement de Lagos, de plus de 40 millions d'euros en liquide par la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC), dont l'Agence Nationale du Renseignement (NIA) a revendiqué la propriété.
L'enquête devra notamment déterminer "les circonstances dans lesquelles la NIA est entrée en possession de cet argent", "comment et par qui ou quelle autorité les fonds ont été mis à sa disposition" et "s'il y a eu ou non violation de la loi", précise le communiqué présidentiel.
Le directeur général de la NIA, Ayo Oke, a également été suspendu en attendant les conclusions de l'enquête.
Un comité restreint composé du ministre de la Justice, du conseiller du président pour la Sécurité nationale et dirigé par le vice-président Yemi Osinbajo, est chargé de mener les deux enquêtes et de présenter un rapport au chef de l'Etat dans un délai de deux semaines.
Le président Buhari, arrivé au pouvoir en 2015, a promis de débarrasser le Nigeria de la corruption endémique qui gangrène l'administration depuis des décennies.
Depuis deux ans, l'agence anticorruption (EFCC) a enquêté sur les détournements présumés de nombreux responsables politiques et de sociétés parapubliques, même si peu d'affaires ont abouti à des condamnations en justice et si elle a connu plusieurs revers judiciaires ces dernières semaines.
Les détracteurs de M. Buhari l'ont souvent accusé d'instrumentaliser la lutte anticorruption à des fins politiques contre l'entourage de son prédécesseur Goodluck Jonathan et les membres du parti d'opposition PDP (People's Democratic Party) et de protéger ses propres collaborateurs visés par des allégations.
Avec AFP