L'obstination des autorités à contrôler les taux de change, en refusant de dévaluer le naira malgré tous les indicateurs au rouge, a soulevé un déluge de critiques et d'inquiétudes chez de nombreux économistes et hommes politiques nigérians.
La Banque nationale dénonce en retour des "attaques continues et injustifiées de sa politique par un groupe de Nigérians (dont) les intérêts réels qui n'ont rien d'altruistes, sont égoïstes et antipatriotiques", dans un communiqué publié sur son site.
"Des renseignement mis à la disposition de la Banque révèlent l'implication d'éléments antipatriotiques qui financent les pressions sur la BCN et le gouvernement fédéral pour renverser sa politique de change", poursuit le document.
L'année dernière, le pays pétrolier est entré en récession pour la première fois depuis plus de 20 ans, notamment à cause des bas prix du brut sur les marchés internationaux et des attaques répétées de groupes rebelles sur les infrastructures pétrolières du sud du pays.
Les recettes mensuelles du pays à l'étranger - qui proviennent en grande partie du pétrole - sont passées de 3,2 milliards de dollars en 2013 à moins de 500 millions en 2016 tandis que la demande de dollars de la part des importateurs a explosé, reconnait la BCN.
Mais malgré ces défis, la BCN "continue d'assurer la liquidité et la transparence du marché de change" et veille à ce que "les masses de personnes à faible revenu soient protégées des aléas d'une dépréciation importante du naira" et une augmentation de l'inflation.
Le président Muhammadu Buhari avait juré en 2016 de ne pas "tuer le naira" en le dévaluant.
Le contrôle du taux de change imposé par son administration a pourtant aggravé la pénurie de devises étrangères dans le pays, qui peine à importer des produits de base et où l'inflation frôle les 20%.
Alors que le taux officiel est d'environ 305 nairas pour un dollar, de nombreuses entreprises nigérianes sont obligées d'acheter des dollars sur le marché noir, à plus de 490 nairas/dollar.
Au taux du marché noir, la monnaie nigériane a été l'une des moins performante au monde en 2016 avec le Venezuela, affirmait début janvier l'économiste nigérian Nonso Obikili.
Le consultant pour Economic Research Southern Africa estime que "l'économie ne peut pas se redresser sans liberté sur le marché des changes. L'argent et les devises étrangères sont l'huile moteur de l'économie et sans elle le moteur cale. Le taux lui-même est secondaire par rapport au marché".
Il est toutefois peu probable que le marché des changes soit libéralisé à court terme, selon une économiste de la banque Standard Chartered Bank, Razia Khan, dans une note aux investisseurs.
"Pour l'instant, aucune libéralisation des taux de change n'est envisagée", a déclaré Mme Khan.
Avec AFP