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L'ONU juge "inhumaine" la coopération UE/Libye pour endiguer le flux de migrants


Zeid Ra'ad Al Hussein, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, 5 avril 2017
Zeid Ra'ad Al Hussein, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, 5 avril 2017

Ke Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a vivement dénoncé mardi la détérioration des conditions de détention des migrants en Libye, jugeant "inhumaine" la coopération de l'Union européenne avec ce pays.

"La communauté internationale ne peut pas continuer à fermer les yeux sur les horreurs inimaginables endurées par les migrants en Libye, et prétendre que la situation ne peut être réglée qu'en améliorant les conditions de détention", a déclaré M. Zeid dans un communiqué, affirmant que "la politique de l'UE consistant à aider les gardes-côtes libyens à intercepter et renvoyer les migrants (est) inhumaine".

"La souffrance des migrants détenus en Libye est un outrage à la conscience de l'humanité", a-t-il ajouté, estimant que la situation était devenue "catastrophique".

Cet appel intervient alors que le groupe de contact sur la route migratoire en Méditerranée centrale --réunissant 13 pays européens et africains dont la Libye-- a décidé lundi, lors d'une réunion à Berne en Suisse, d'améliorer les conditions des migrants dans les centres de détention en Libye tout en promouvant des alternatives à cette solution.

Dans le communiqué, le Haut-Commissaire dénonce l'aide fournie par l'UE et l'Italie aux gardes-côtes libyens pour arrêter les migrants en mer, "malgré les inquiétudes exprimées par les groupes de défense des droits de l'homme" sur le sort des migrants.

"Les interventions croissantes de l'UE et de ses Etats membres n'ont jusqu'à présent pas servi à réduire le nombre d'abus subis par les migrants", fait-il valoir.

"Notre système de surveillance montre en fait une détérioration rapide de leur situation en Libye", relève M. Zeid, précisant que des "observateurs des droits de l'homme" s'étaient rendus, du 1er au 6 novembre, à Tripoli pour visiter des centres de détention du Département libyen de lutte contre la migration illégale et s'entretenir avec les migrants détenus.

D'après les chiffres du Département libyen de lutte contre la migration illégale, cités par l'ONU, 19.900 personnes se trouvaient dans ces centres début novembre, contre environ 7.000 à la mi-septembre. Cette forte augmentation des détentions fait suite à des affrontements meurtriers à Sabratha, ville de l'ouest de la Libye devenue la plate-forme de départs des migrants vers l'Europe.

"Les observateurs (de l'ONU) ont été choqués par ce qu'ils ont vu: des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants émaciés et traumatisés, empilés les uns sur les autres, enfermés dans des hangars (...) et dépouillés de leur dignité", explique M. Zeid.

Hommes, femmes et enfants détenus dans ces centres ont raconté à l'ONU avoir été battus par les gardes. "Ils nous battent tous les jours, ils utilisent des bâtons électriques, juste parce que nous demandons de la nourriture ou un traitement (médical) ou des informations sur ce qui va nous arriver", a déclaré un migrant camerounais aux observateurs de l'ONU.

Les femmes sont elles violées par les trafiquants d'être humains mais aussi par les gardes des centres officiels de détention.

"Nous ne pouvons pas être un témoin silencieux de l'esclavage des temps modernes", a conclu le Haut-Commissaire, exhortant les autorités libyennes à ne pas détenir les migrants.

Selon les derniers chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) publié mardi, environ 157.000 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe par la mer depuis le 1er janvier (contre quelque 341.000 durant la même période en 2016), dont 75% en Italie. Près de 3.000 sont morts en tentant la traversée.

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