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L'ONU menace Pyongyang d'alourdir les sanctions après l'essai nucléaire nord-coréen


Le Conseil de sécurité de l'ONU
Le Conseil de sécurité de l'ONU

Le Conseil de sécurité de l'ONU a unanimement condamné mercredi le nouvel essai nucléaire nord-coréen et menacé d'alourdir les sanctions internationales qui pèsent sur Pyongyang depuis ses trois précédents tests atomiques.

A l'issue de deux heures de consultations à huis clos, les 15 pays membres -- y compris la Chine, seul allié de Pyongyang -- ont annoncé qu'ils allaient "commencer à travailler immédiatement" sur des "mesures supplémentaires significatives" à l'encontre de Pyongyang, afin de les inclure dans "une nouvelle résolution de l'ONU".

La négociation de ce texte devrait prendre plusieurs jours.

La déclaration ne précise pas les mesures envisagées et ne parle pas explicitement de sanctions.

Mais selon des diplomates de l'ONU, il s'agit de renforcer l'arsenal des sanctions, par exemple en allongeant la liste des individus et entreprises sanctionnés pour leurs liens avec le programme nucléaire nord-coréen.

Le Conseil a réaffirmé que l'essai nord-coréen était "une violation flagrante" de plusieurs résolutions de l'ONU qui interdisent à la Corée du Nord toute activité nucléaire ou balistique sous peine de sanctions.

Cet essai, présenté par Pyongyang comme celui d'une nouvelle bombe à hydrogène, a été dénoncé dans toutes les grandes capitales et par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

La Corée du Nord avait affirmé mercredi avoir réussi son premier essai de bombe à hydrogène, bien plus puissante que la bombe atomique ordinaire, illustrant la détermination de l'Etat "paria" à faire avancer son programme nucléaire envers et contre tous.

- Spécialistes sceptiques -

Cette annonce -- survenu à deux jours de l'anniversaire du dirigeant suprême Kim Jong-Un -- a été accueillie avec le plus grand scepticisme par les spécialistes, qui jugent trop faible la puissance apparemment dégagée par l'explosion.

Ceci n'a pas empêché la communauté internationale prise par surprise de jeter immédiatement l'opprobre sur la Corée du Nord.

"Le premier essai de bombe à hydrogène de la République a été mené avec succès à 10H00" (01H30 GMT), a annoncé la télévision officielle nord-coréenne, précisant que l'engin était "miniaturisé". "Avec le succès parfait de notre bombe H historique, nous rejoignons les rangs des Etats nucléaires avancés".

Les bombes A libèrent une énergie déclenchée par la fission d'éléments comme l'uranium ou le plutonium. Leur puissance est bien moindre que celle de bombes à hydrogène -ou thermonucléaires- qui utilisent d'abord la technique de la fission, puis celle de la fusion nucléaire dans une réaction en chaîne.

La télévision a montré un ordre signé de la main du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, daté du 15 décembre, donnant le feu vert au test et accompagné d'une exhortation à entamer 2016 au "son exaltant de la première explosion d'une bombe à hydrogène".

La Corée du Sud et le Japon voisins ont dénoncé une "violation" flagrante des résolutions de l'ONU, imités par l'Union européenne, Londres, Paris et Moscou.

La Chine, principal allié de la Corée du Nord, s'est dite "fermement opposée" à cet essai et la Maison Blanche a promis une réaction "appropriée" aux "provocations" de Pyongyang, tout en se disant incapable de confirmer qu'il s'agissait bien d'une bombe à hydrogène.

Le mois dernier, Kim Jong-Un avait laissé entendre que son pays avait mis au point une bombe H, une déclaration déjà largement mise en doute par les spécialistes internationaux.

- Affront flagrant -

"Les données sismologiques suggèrent que l'explosion a été considérablement moins forte que celle qu'on attendrait d'un essai de bombe H", a déclaré le spécialiste australien Crispin Rovere. "A première vue, il semblerait qu'ils aient mené un essai nucléaire réussi mais n'ont pas réussi à mener à bien la deuxième étape, celle de l'explosion d'hydrogène".

Pour Bruce Bennett, analyste à la Rand Corporation, "cette arme avait probablement la taille de la bombe américaine d'Hiroshima mais ce n'était pas une bombe à hydrogène. On a affaire à de la fission". "Le +bang+ qu'ils auraient obtenu aurait été 10 fois supérieur à ce qu'ils ont obtenu".

Les premiers soupçons d'un nouvel essai nord-coréen ont été émis par des sismologues qui ont détecté un séisme de magnitude 5,1 près du principal site d'essais nucléaires dans le nord-est du pays.

D'après les estimations initiales du ministère sud-coréen de la Défense, la bombe était d'une puissance de six à neuf kilotonnes, semblable à l'énergie émise lors du dernier test de 2013.

Le premier essai américain de bombe H en 1952 a libéré une énergie de 10 kilotonnes.

La plupart des spécialistes estimaient que Pyongyang était à des années de pouvoir développer une bombe thermonucléaire mais étaient divisés quant à ses capacités de miniaturiser l'arme atomique. La miniaturisation permet de monter l'arme nucléaire sur des ogives de missiles.

Bombe H ou pas, ce quatrième essai nucléaire nord-coréen constitue un affront flagrant envers les ennemis comme les, rares, alliés de Pyongyang, qui l'ont averti que le prix à payer pour la poursuite de son programme nucléaire serait très élevé.

- La Chine acteur clé -

Le fait que les précédentes sanctions internationales n'aient pas empêché la Corée du Nord de procéder à ce test devrait susciter des appels à des réactions plus dures cette fois-ci.

Le président Barack Obama avait qualifié en 2014 la Corée du Nord "d'Etat paria" et promis des sanctions plus fermes en cas de nouvel essai.

L'attitude de la Chine sera observée de près. Pékin a fait pression par le passé pour limiter la portée des sanctions, mais semblait s'impatienter ces derniers temps du refus de Pyongyang d'abandonner son programme nucléaire.

"Pékin fera l'objet de pressions croissantes pour punir et faire rentrer Kim Jong-Un dans le rang, et contraindre au bout du compte Pyongyang à abandonner ses armes nucléaires", a expliqué Yanmei Xie, analyste chargé de l'Asie du Nord-Est pour le International Crisis Group.

Mais de l'avis des spécialistes, la capacité d'action de Pékin est limitée par ses craintes de voir ce pays s'effondrer et que naisse à sa frontière une Corée réunifiée soutenue par les Etats-Unis.

Pékin s'efforce de réactiver des pourparlers à six (Corée du Nord, Corée du Sud, Etats-Unis, Russie, Chine, Japon) sur le programme nucléaire nord-coréen, au point mort depuis 2008. Il semblerait que ce quatrième essai sonne le glas des espoirs de ranimer ce processus.


Avec AFP

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