A une centaine de kilomètres de cette forêt, le ministre de l'Intérieur Joseph Nkaissery a donné le coup d'envoi de l'opération, en compagnie de hauts gradés de l'armée et de la police, une semaine après que les habitants de la zone - essentiellement des chasseurs traditionnels - eurent été sommés de remettre toute arme en leur possession et de quitter la forêt à l'approche d'une "opération imminente de sécurité".
"Nous voulons (...) nettoyer la forêt pour en éjecter les criminels qui s'y trouvent", a déclaré M. Nkaissery à Mpeketoni, localité côtière dont les shabaab avaient massacré en juin et juillet 2014 une cinquantaine d'habitants non-musulmans puis une cinquantaine de personnes dans les villages alentour.
Les autorités pensent que les shabaab ont transformé en sanctuaire cette vaste forêt de 2.200 km2, qui chevauche les comtés de Garissa (est) et Lamu (sud-est). Elles estiment qu'ils lancent depuis cette zone leurs attaques régulières sur la côte, notamment sur la partie littorale de Lamu, qui héberge un archipel éponyme autrefois perle du tourisme kényan.
L'opération "Linda Boni" ("Protéger Boni" en langue swahilie), à laquelle prendront part des unités de l'armée et de la police kényanes, pourrait durer trois mois. La forêt abrite deux réserves nationales (Boni et Dodori), créées en 1976 et refuges saisonniers de larges populations d'éléphants.
Le Nord-Est et l'Est du Kenya, qui longent la Somalie sur quelque 700 km sont devenues des cibles privilégiées des shabaab, qui ont perdu du terrain en Somalie face l'Amisom, la Force de l'Union africaine à laquelle le Kenya fournit des troupes.
Les islamistes somaliens ont attaqué en avril l'Université de Garissa, faisant 148 morts dont 142 étudiants, pour la plupart massacrés de sang-froid. Ils ont également donné l'assaut en septembre 2013 au centre commercial Westgate de Nairobi, tuant au moins 67 personnes.
Avec AFP