A Onitsha, le carrefour commercial de l'Etat d'Anambra sur le grand fleuve Niger, les marchés tournaient au ralenti et les grandes avenues étaient désertées, à l'appel des mouvements indépendantistes biafrais.
Les velléités indépendantistes persistent dans la région, à grande majorité Igbo, cinquante années après un conflit qui avait fait plus d'un million de morts. Mais les manifestations pro-Biafra sont régulièrement matées par la police ou l'armée, et l'année dernière, plus de 60 personnes ont été tuées lors des célébrations, selon Amnesty International.
"Nous ne travaillerons pas aujourd'hui", raconte Ebere Ichukwu Eli, 47 ans, l'un des rares passants dans les rues d'Onitsha, où les forces de sécurité ont été déployées. "Nous sommes Biafrais, nous ne sommes pas Nigérians".
"Mais nous ne voulons pas de violence. En restant chez nous, nous protestons de manière pacifique", poursuit-il.
Justine, qui d'habitude vend sur les marchés, a décidé également de rester chez elle. "Nous voulons notre Biafra", confie-t-elle à l'AFP. "C'est notre terre."
La semaine dernière, la police a demandé aux habitants du sud-est du Nigeria de ne pas suivre cet appel de "ville morte", et de ne pas fermer les marchés. Les forces de sécurité ont également menacé "d'agir en conséquence" s'il y avait la moindre manifestation dans les rues.
Depuis le mois d'août 2015, Amnesty International a enregistré plus de 150 morts dans des protestations pro-Biafra. Le gouvernement fédéral rejette ces accusations.
"Nous demandons aux agences de sécurité nigérianes de ne pas utiliser la force pour restaurer l'ordre public", a déclaré Osai Ojigho, directeur pays pour l'ONG de défense des droits de l'Homme.
Selon lui, plus de cent personnes ont déjà été arrêtées en amont du cinquantenaire.
Les appels à faire sécession du Nigeria se sont amplifiés ces dernières années, notamment après l'arrestation du chef de file du mouvement indépendantiste pour les peuples indigènes du Biafra (Ipob), Nnamdi Kanu, fin 2015.
Il a été libéré fin avril sous caution, mais ses 18 mois de détention ont attisé les colères et le sentiment d'exclusion des Biafrais.
Avec AFP