En Ouganda, la police a l'habitude de disperser les rassemblements d'homosexuels.
Les jeunes rassemblés samedi sur les rives du lac Victoria avaient dans un premier temps été chassés d'un autre endroit.
Les jeunes Ougandais, qui portaient des vêtements très ceintrés et des tissus africains très colorés, brandissaient des drapeaux arc-en-ciel pendant que d'autres jouaient au volley-ball ou dansaient au son de la musique de fête.
"Je suis venu pour m'amuser et exprimer ma véritable personnalité pendant une journée", explique Michael, 19 ans, qui comme la plupart des participants a refusé de donner son nom de famille. "En public, je dois toujours me conduire normalement. C'est cool de pouvoir être moi-même, même si c'est pour un court moment".
Michael, l'air nerveux en regardant vers l'unique route conduisant au lac, ajoute: "Je me sens un peu nerveux, seuls les braves sont ici." "Les autres ont trop peur pour venir parce qu'ils ont peur que leurs familles se rendent compte qu'ils sont gay".
Au moment où les jeunes commencaient à se détendre, à blaguer et a se prendre dans les bras, un fourgon de police a fait son appartition sur la route.
Pas besoin de la permission de la police
Les policiers ont donné l'ordre à tous de partir, mais Kasha Jacqueline Nabagesera, une militante des droits des homosexuels et fondatrice de Pride Uganda, a résisté. "Nous n'avons pas besoin de la permission de la police pour aller à la plage", a-t-elle lancé. Nous sommes ougandais et nous avons payé pour entrer ici. Nous ne partirons pas".
Les policiers ont forcé la plupart de participants à monter dans leurs bus, encadrés par d'autres véhicules devant et derrière.
Les jeunes se demandaient s'ils avaient été arrêtés et où la police allait les conduire.
Un des participants a même sauté d'un bus en marche, se blessant en touchant terre. Le convoi de la police ne s'est même pas arrêté.
Quelques minutes plus tard, ce dernier, Edward, 27 ans, avec du sang coulant sur la tempe, a expliqué qu'il était fonctionnaire. "Je ne pouvais pas les laisser me conduire au commissariat de police. Je travaille pour le gouvernement. Je n'ai pas de contrat permanent. Je perdrais mon travail si j'étais arrêté à la Gay Pride".
Un peu plus tard, les policiers ont cessé d'escorter les bus et ces derniers ont pu regagner Kampala.
En août dernier, les organisateurs de la Gay Pride de Kampala avaient annoncé le "report" de l'événement, affirmant que le ministre de l'Ethique avait menacé d'arrêter tous les participants et suggéré qu'ils pourraient être violentés.
La décision avait été prise après une rencontre entre l'avocat des organisateurs Nicholas Opiyo, le ministre de l'Ethique Simon Lokodo et un représentant de la police.
L'homophobie est répandue en Ouganda. Harcèlement et intimidations sont le quotidien des homosexuels dans ce pays où se développe un christianisme évangélique particulièrement véhément à l'égard du mouvement LGBT.
Avec AFP