Mme Nyanzi avait été arrêtée après avoir posté des commentaires souvent très crus sur les réseaux sociaux et visant nommément la ministre de l'Éducation, Janet Museveni, qui n'est autre que l'épouse du président Yoweri Museveni.
Elle avait multiplié ses attaques après que le gouvernement eut renoncé à fournir gratuitement des serviettes hygiéniques aux filles scolarisées, malgré une promesse de campagne électorale.
Outre son engagement de militante des droits humains, Stella Nyanzi est également une universitaire dont le travail porte essentiellement sur la sexualité en Afrique.
Le 10 avril, elle avait été inculpée, non pour ses charges répétées contre la première dame mais pour des commentaires peu amènes envers le chef de l'Etat. L'accusation avait ainsi exhumé un commentaire posté sur Facebook le 28 janvier, où elle comparait le président, entre autres, à "une paire de fesses". Une remarque qualifiée d'"obscène ou indécente" par le tribunal.
Inculpée pour outrage et harcèlement par internet du chef de l'État, elle était depuis maintenue en détention provisoire.
Mercredi, le juge James Mwanda a ordonné sa remise en liberté dans l'attente d'une nouvelle audience le 25 mai qui devra déterminer si Mme Nyanzi, comme le soutient l'accusation, est perturbée mentalement.
Elle est apparue affaiblie au tribunal. Elle a contracté la malaria en détention et l'examen de son cas a été reporté, le temps pour un médecin d'examiner la prévenue.
Selon l'un de ses avocats, Nicholas Opiyo, elle craint d'être à nouveau rapidement arrêtée par les services de sécurité. "Nous espérons qu'ils n'essaieront pas de tenter de l'arrêter de nouveau. Ce serait mal avisé et jetterait le discrédit sur l'institution judiciaire", a-t-il déclaré.
La semaine dernière, dans un discours prononcé pour la journée mondiale de la liberté de la presse, l'ambassadrice des Etats-Unis en Ouganda, Deborah Malac, avait estimé que "le cas du Dr Nyanzi montre que les droits constitutionnels et les libertés individuelles ont apparemment leurs limites, surtout quand ces opinions sont critiques envers les dirigeants du pays".
Ces commentaires avaient été modérément appréciés par le gouvernement, dont le porte-parole Ofwono Opondo avait défendu le droit à poursuivre les auteurs de "transgressions criminelles sous toutes leurs formes."
Avec AFP