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Ouverture des bureaux de vote pour la présidentielle en Gambie


Des bureaux de vote officiels sont ouverts au siège local de CEI (la commission électorale indépendente) à Serekunda, Gambie, le 29 novembre 2016.
Des bureaux de vote officiels sont ouverts au siège local de CEI (la commission électorale indépendente) à Serekunda, Gambie, le 29 novembre 2016.

Les Gambiens ont commencé à se rendre aux urnes jeudi matin pour choisir leur nouveau président parmi trois candidats en lice, dont le sortant Yahya Jammeh, au pouvoir depuis 22 ans, et un candidat unique d'une large coalition de l'opposition, Adama Barrow.

Quelque 890.000 électeurs - sur près de 2 millions d'habitants - devront départager MM. Jammeh, Barrow et Mama Kandeh, ancien député du parti au pouvoir représentant une nouvelle formation.

Pour la première fois, M. Jammeh se présente à une élection présidentielle qui ne paraît pas totalement jouée d'avance, face au candidat de la coalition d'opposition. Les trois candidats sont âgés de 51 ans, étant nés en 1965, année de l'indépendance de cette ex-colonie britannique en Afrique de l'ouest.

Les opérations de vote, prévues de 08H00 à 17H00 (locales et GMT) dans environ 1.400 bureaux à travers le pays, avaient débuté à l'heure dans plusieurs bureaux à Banjul, selon des journalistes de l'AFP.

Les télécommunications étaient très perturbées: depuis mercredi soir, internet et le réseau téléphonique étaient coupés. Les appels à l'international et envois de SMS n'étaient plus possibles de et vers la Gambie.

Les premiers résultats sont attendus dans la nuit de jeudi à vendredi.

Enclavée dans le territoire du Sénégal, hormis sa façade atlantique, la Gambie n'a connu que deux présidents en un demi-siècle: le "père de la Nation" Dawda Jawara et Yahya Jammeh, porté au pouvoir par un coup d'Etat en 1994.

"Ils ne gagneront pas", a assuré mardi soir au sujet de ses adversaires le chef de l'Etat sortant, élu pour la première fois en 1996 puis réélu trois fois, lors de son ultime meeting de campagne.

Il a assuré qu'aucune fraude n'était possible et prévenu qu'il ne tolérerait aucune contestation électorale par des manifestations, mais exclusivement devant les tribunaux.

Adama Barrow s'est lui aussi dit "sûr à plus de 100% de gagner, et avec un large écart", relevant le "soutien exceptionnel" rencontré lors de ses rassemblements. "Si j'avais un conseil à donner à Jammeh, ce serait d'accepter la volonté du peuple s'il perd", a-t-il déclaré à l'AFP.

Une bille, un vote

Le vote s'effectue selon un système unique au monde, au moyen de billes à déposer dans des bidons de couleurs différentes, une par candidat. Il sera supervisé par des experts de l'Union africaine, mais les observateurs européens ou ouest-africains seront absents.

Pour des analystes et l'opposition, c'est la première fois que le pouvoir de Yahya Jammeh, qui a survécu à de nombreuses tentatives de coup d'Etat, est sérieusement menacé par un scrutin, au terme d'une campagne marquée par l'expression d'un pluralisme inhabituel.

"La liberté d'expression ne doit pas s'arrêter avec la proclamation des résultats de la présidentielle", a estimé l'ONG Amnesty International dans un communiqué. "Les milliers de Gambiens qui ont participé aux meetings des différents candidats ces deux dernières semaines sont la preuve vivante de l'importance du droit à la liberté d'expression dans un pays où elle est si rare".

Malgré les risques permanents d'arrestation, la parole se libère depuis des manifestations organisées en avril pour réclamer des réformes politiques, puis pour protester contre la mort en détention d'un opposant.

Le chef du principal parti d'opposition, Ousainou Darboe, adversaire de M. Jammeh aux précédents scrutins présidentiels, et une trentaine de co-accusés ont été condamnés en juillet à trois ans de prison ferme pour participation à un rassemblement illégal.

Cette répression a favorisé un rare mouvement d'unité de l'opposition autour d'un candidat commun.

Adama Barrow, relativement neuf en politique, s'est engagé à respecter scrupuleusement le mémorandum adopté par l'opposition, qui prévoit la mise en place d'un gouvernement de transition pendant trois ans, en rupture avec le pouvoir sans limite de M. Jammeh.

En dépit des critiques qu'il rejette régulièrement - son régime est accusé par des ONG et certaines chancelleries de disparitions forcées et de harcèlement de la presse et des défenseurs des droits de l'Homme -, Yahya Jammeh compte de nombreux partisans.

Beaucoup de Gambiens portent à son crédit la stabilité du pays, dans une région secouée par de fréquents troubles civils et coups d'Etat, et certains progrès, notamment en matière d'éducation et de santé.

Mais bien d'autres fuient la pauvreté et la répression sur les routes de l'émigration clandestine. Les Gambiens sont ainsi la première nationalité, par rapport à la population, parmi les migrants qui traversent la Méditerranée pour atteindre l'Italie.

Avec AFP

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