Selon une enquête menée par le consortium de journalistes OCCRP, le président camerounais a passé trois fois plus de temps à partir en voyages privés plutôt qu'officiels.
Le salaire mensuel officiel de Biya est modeste avec seulement 271 $, plus les primes, mais il voyage et vit à l'étranger dans le luxe.
Selon le politologue camerounais Achille Mbembe, personne ne sait vraiment ce qu'il fait lors de ses fréquents voyages à Genève, bien que les spéculations varient entre traitements hospitaliers et virées shopping.
Alors que son palais à Yaoundé est considéré comme luxueux, Paul Biya préfèrerait passer une grande partie de ses "voyages privés" dans un hôtel cinq étoiles Intercontinental de Genève, qui offre une piscine et une vue imprenable sur le lac Léman et le Mont Blanc.
Il ne voyage pas seul. Son épouse Chantal, réputée pour ses coiffures extravagantes, l'accompagne dans presque tous les voyages, avec une cour pouvant compter jusqu'à 50 personnes, dont des ministres, des gardes du corps, des majordomes et divers autres membres du personnel.
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Selon les calculs des journalistes qui ont mené l'enquête - calculs basés sur les prix des chambres d'hôtel disponibles publiquement et une compilation des voyages - la facture totale du président pour un séjour à l'hôtel Intercontinental s'élève à environ 40 000 $ par jour.
À ce rythme, le coût de tous les voyages privés du président (1.645 jours au total) s'élèverait à environ 65 millions de dollars depuis son arrivée au pouvoir, sans compter la nourriture, les divertissements et la location d'un avion privé.
Voyage en avion affrété n'est pas bon marché. Les factures de 2010, apparemment envoyées par une compagnie appelée CS Aviation au directeur du cabinet civil du président Biya et revues par l'OCCRP, facturent au Cabinet civil près de 855 000 $ pour un aller-retour de 50 passagers de Yaoundé à Genève. D'autres factures montrent qu'en 2013, l'avion a été maintenu en attente pendant deux semaines à un coût quotidien de près de 157 000 $.
À ces taux, le coût des vols de Biya depuis son arrivée au pouvoir pourrait s'élever à au moins 117 millions de dollars.
Selon le Fonds monétaire international, plus de 300 millions de dollars de recettes de la compagnie pétrolière nationale du Cameroun en 2017 n'ont pas été comptabilisés.
Le Président contrôle l'entreprise, dont les ventes de pétrole, selon un mémo diplomatique américain divulgué par WikiLeaks.
Selon Transparency International, le Cameroun est l'un des pays les plus corrompus du monde, se classant au 153e rang sur 180 pays en 2018.