Il y a plus de deux semaines, un hippopotame est tombé dans une embuscade.
Des fosses de plusieurs mètres de largeur et de longueur étaient visibles à une dizaine de kilomètres au sud de Bujumbura dans la localité de Kabezi sur la colline de Gakungwe.
Des habitants avaient creusé ces fosses à la recherche des briques.
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L’animal, en situation de détresse y a passé trois jours de calvaire.
Il a fallu l’intervention du directeur général de l’Office burundais de protection de l’environnement qui a amené un tracteur à chenilles, pour le sortir indemne de ces fosses et le ramener ainsi à son milieu naturel.
Un autre hippopotame a été sauvé il y a quatre jours au centre-ville de Bujumbura.
La plupart des fois, ces hippopotames sont tués au vu et au su des habitants de Bujumbura et ses environs, tout autour du Lac Tanganyika.
Samuel Ndayiragije, le directeur général de l’Office burundais de protection de l’environnement reconnaît que la cohabitation entre les humains et ces hippopotames n’est pas au beau fixe.
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"Les relations hommes-faune sont très mauvaises. Ce n’est pas seulement ici au Burundi. Les gens quand ils voient l’animal comme celui-là, ils voient seulement de la viande. Ils font tout ce qu’ils peuvent faire pour le tuer. Nous savons qu’il y a beaucoup de fosses creusées tout le long du Lac Tanganyika pour que les animaux tombent là-dedans. Les relations sont très mauvaises, nous essayons d’enseigner les gens qu’ils doivent vivre avec ces animaux mais ça viendra petit à petit ", indique M. Ndayiragije.
Mais les riverains du Lac Tanganyika demandent urgemment aux autorités burundaises de chercher un endroit ou peuvent vivre ces hippopotames sans qu’ils portent atteinte à leurs vies et à leurs plantations. Temoignage de cet habitant de Kabezi.
"Personnellement, je suis près du Lac Tanganyika. Ces hippopotames n’ont pas de bonnes relations avec les habitants. Ils détruisent les récoltes des champs. Ils mangent même certains habitants. Les autorités le savent. Ces hippopotames renversent même des gens qui sont dans des bateaux et les mangent. Pour les champs, ils mangent le manioc, le maïs et les habitants n’ont pas ce qu’ils ont semé. Nous demandons aux autorités de chercher un endroit propice ou peuvent vivre ces animaux", se plaint un habitant du lieu.
Même constat pour d’autres habitants.
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"Les hippopotames détruisent beaucoup de choses. Ils montent même de l’autre côté de la route jusque même vers les montagnes. En fait, ils font ça parce qu’ils cherchent à manger. Ils sont à la recherche de l’herbe. L’Etat doit chercher une place pour ces amphibies", déclare un autre habitant.
M. Ndayiragije espère lui que le code sur l’environnement sera respecté pour la bonne cohabitation des hommes et des animaux.
"Il doit y avoir quand même plus d’une quinzaine d’animaux déjà tués sur deux ans. C’est énorme. Les animaux, ils étaient ici avant que les hommes et les femmes ne soient ici, il faut qu’ils les acceptent comme leurs bons voisins. S’ils ne sont pas agressés, ils ne sont pas du tout mauvais. Nous allons continuer à suivre l’application du code de l’eau qui exige qu’il y ait cent cinquante mètres de zone tampon au bord du Lac Tanganyika et cinquante mètres au bord des Lacs du Nord", indique M. Ndayiragije.
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Le professeur Pascal Ntakimazi, spécialiste en comportement des animaux aquatiques estime que jusque vers les années 90, l’espace au long du Lac Tanganyika jusque dans la plaine de la Rusizi, avec une végétation assez haute, constituait le pâturage des hippopotames.
La construction des habitations dans cette zone a créé un conflit d’occupation entre les humains et les hippopotames.