"Après avoir découvert des griffonnages sur la photo de Nkurunziza du livre de sciences humaines, la direction a chassé tous les élèves de 8e année (entre 14 et 16 ans, ndlr) depuis vendredi (...) et a dit qu'ils ne reprendront les cours qu'après avoir dénoncé les responsables de ce crime", s'est plaint auprès de l'AFP, sous couvert d'anonymat, un parent d'élève joint par téléphone depuis Nairobi.
Il y a une semaine, la direction de l'Ecole fondamentale et du lycée communal de Ruziba I, regroupés sur un même site, avait découvert que sur la quarantaine de livres utilisés par les élèves de cinq classes de 8e année, la photo du président Nkurunziza avait subi des dégradations de toutes sortes.
Dans certains livres, les yeux du président ont été troués. Dans d'autres, sa photo a été gribouillée, ou des propos insultants à son égard ont été inscrits.
"Hier (mercredi), au cours d'une rencontre avec la direction, nous avons demandé pardon, nous avons proposé d'acheter de nouveaux manuels scolaires, mais la direction n'a rien voulu savoir", a ajouté le parent d'élève. "C'est terrible, nous ne savons pas ce qui va se passer".
Contacté par téléphone par l'AFP, le directeur de cet établissement, Yves Marimba, a assuré qu'"une solution a été trouvée", sans vouloir ou pouvoir donner la date de retour des collégiens, avant de raccrocher son téléphone.
Le chef de la zone de Kanyosha, Abdul Bampoye, a refusé de s'exprimer sur le sujet, disant "ne pas avoir de détails pour le moment".
"Tout le monde a peur car c'est le SNR (Service national de renseignement qui dépend directement de la présidence, ndlr) qui a pris l'affaire en mains et ce sont des soldats de la position de Ruziba qui sont venus fermer à clé toutes les classes de 8e année", a expliqué à l'AFP un professeur ayant requis l'anonymat.
Le sous-quartier de Ruziba dans la zone de Kanyosha, dans le sud de la capitale burundaise, est considéré comme un fief de l'ex principal opposant burundais, Agathon Rwasa, aujourd'hui vice-président de l'Assemblée Nationale.
Le Burundi a plongé dans une grave crise émaillée de violences lorsque le président Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature pour un troisième mandat, avant d'être réélu en juillet. Les violences ont déjà fait plus de 500 morts et poussé plus de 270.000 personnes à quitter le pays.
Avec AFP