Le président Déby a entériné par décret le 21 février la proposition du cadre national de dialogue politique désignant les membres de la Céni.
Ils sont 30 au total, dont 15 de l’opposition et 15 de la majorité présidentielle. Ces personnalités choisies parmi des candidats autres que les responsables des partis politiques auront la charge d’organiser les prochaines élections au Tchad.
Pour le porte-parole adjoint de la CPDC, Poddi Djimé Bichara, "la loi 30 portant création de la Céni dit en son article 3 alinéa 3 que les membres de la Céni sont désignés par rapport à la représentation des partis politiques à l'Assemblée nationale et dans les conseils locaux, c'est-à-dire les conseils municipaux".
"Il se trouve que les partis politiques membres de la CPDC qui remplissent justement ces conditions-là ont été écartés sans aucune explication", rappelle-t-il.
"D’un autre côté, l’opposition est gérée par une loi. Dans la liste de la composante opposition de la Céni, vous avez des partis qui participent à la gestion du pays auprès du gouvernement et qui figurent malheureusement sur la liste de l’opposition en violation flagrante de la loi portant statut de l’opposition", conclut-il.
Kram Abel, de la majorité présidentielle et membre du cadre national de dialogue politique, estime que la CPDC est victime de ses propres turpitudes puisqu’elle a fait une mauvaise lecture des textes.
"La CPDC n’a pas envoyé le dossier de ces représentants au niveau du CNDP. Ils ont envoyé au ministre de l’Administration du territoire et la même loi 30 qu’ils ont citée, dit que c’est le CNDP qui transmet le dossier au gouvernement. Pourquoi n’ont-ils pas déposé le dossier ici? Alors, est-ce qu’ils ne sont pas en contradiction ou bien, il y a un problème de lecture de textes qui se pose. Ils sont régis par les textes de la 4e république donc tu ne peux pas contourner une institution pour une autre, non! La CPDC est aujourd’hui victime de ses propres turpitudes".
Alladoum Djarmah Baltazare, membre de l’opposition, réfute les allégations de la CPDC selon lesquelles la mise en place de la Céni ne respecte pas l’article 3 de l’ordonnance 40 portant statut de l’opposition qui dit: "sont de l’opposition démocratique les partis politiques ou regroupements de partis politiques qui ne participent pas au gouvernement et ne soutiennent pas son action".
"Nous ne pensons pas que des députés siègent à l’Assemblée nationale pour le compte de l’opposition politique et que c'est pour des raisons personnelles d’un des membres du parti qui se retrouve dans le gouvernement", a-t-il confié à VOA Afrique.
"À notre avis, la Commission du CNDP avait étudié et discuté la question, mais il nous a manqué d’argument pour écarter ces partis politiques. La CPDC qui avait fait progresser la démocratie s’est vidée de sa substance. Aujourd’hui, qu’elle dise à l’opinion publique quel est le numéro de la constitution qu’elle défend pour le simple fait que la CPDC dit ne pas se reconnaître dans la 4e république! C’est du bluff, c’est une vielle stratégie, c’est le film habituel de la CPDC".
Avec cette querelle autour de la mise en place de la Céni, l’opposition est déjà divisée, car même la liste envoyée par son chef de file n’a pas été prise en compte.