La campagne d'une semaine a été émaillée d'accusations de corruption, de trafic d'influence et de désinformation, et même de violences qui ont fait des blessés, dans un pays réputé pour sa stabilité et présenté comme une démocratie modèle en Afrique.
Le débat s'est cristallisé sur le retrait par M. Sall, sur avis du Conseil constitutionnel, de la disposition portant sur l'application du quinquennat au mandat en cours, signifiant qu'il irait donc jusqu'au bout de son septennat en 2019.
Elu face à Abdoulaye Wade (2000-2012), qui briguait un troisième mandat, en contournant la Constitution, selon ses détracteurs, Macky Sall avait promis durant la campagne le retour du quinquennat, avec effet immédiat.
Plusieurs collectifs, de l'opposition et de la société civile, dont "Y'en a marre", un mouvement en pointe dans le combat contre un troisième mandat du président Wade, appellent à voter "Non", lui reprochant d'avoir manqué à sa parole et dénonçant son empressement à convoquer le référendum.
"La violence est un prétexte pour ceux qui veulent semer le désordre. La confrontation se fera par les urnes", a assuré le président Sall vendredi avant un dernier meeting à Dakar.
Il a sillonné plusieurs régions, rendant notamment visite aux chefs des confréries religieuses islamiques, très influentes dans ce pays majoritairement musulman.
L'ex-Premier ministre et opposant Idrissa Seck a appelé à "préserver la stabilité" mais mis en garde lors d'un meeting à Thiès (ouest) contre d'éventuelles fraudes: "Nous ne laissons personne violer la volonté populaire".
Un concert, de rappeurs notamment, devait clôturer vendredi la campagne du front du "Non", qui s'est élargi à des responsables de la majorité, dont des députés et des maires, notamment celui de Dakar, Khalifa Sall.
Présidentielle à l'horizon
La controverse sur la durée du mandat a occulté les autres dispositions de la révision en quinze points, qui porte également sur le renforcement des droits des citoyens et de l'opposition, ainsi que des pouvoirs législatif et judiciaire.
Des citoyens interrogés par les médias ont indiqué voter pour sanctionner positivement ou négativement le bilan du chef de l'Etat.
"On ne m'attaque pas sur mon bilan économique", a déclaré M. Sall à Saint-Louis (nord-ouest), accusant le camp adverse de se livrer à "de la confusion, de la désinformation et de l'intoxication".
La présidence a d'ailleurs publié sur son site internet un "vrai-faux du référendum" pour réfuter les rumeurs ou les affirmations de certains militants du "Non".
Il y est ainsi précisé que la révision constitutionnelle "ne permettra pas au président Macky Sall de faire un éventuel troisième mandat à partir de 2024" en jouant sur le passage du septennat au quinquennat, et qu'il n'a pas pour objet d'encourager l'homosexualité, d'ailleurs illégale au Sénégal.
Le camp du "Oui" a également été accusé d'"achat de conscience" en distribuant de l'argent et du riz pendant la campagne, selon ses détracteurs. Des soupçons alimentés par les déclarations d'un responsable du parti présidentiel, le député Moustapha Cissé Lô, selon lequel "l'argent va couler à flot".
La distribution du "riz et de l'argent (est) aussi une forme de violence. C'est même un viol de la conscience des citoyens", a déclaré Khalifa Sall.
Le chef de l'Etat "a transformé une promesse électorale en enjeu plébiscitaire", en organisant une "présidentielle à candidature unique" lors de laquelle il faut répondre "oui ou non à Macky", commentait l'hebdomadaire privé "Nouvel Horizon".
A travers ce référendum, il "cherche à se rassurer" en prévision des législatives prévues en 2017 et avant la présidentielle de 2019, selon des analystes.
Plus de 5 millions d'électeurs sont appelés aux urnes dimanche de 08H00 à 18H00 (GMT et locales). Mais près de 200.000 personnes seront privées de vote en raison de problèmes techniques qui ont empêché la production de leurs cartes d'électeur, selon le ministère de l'Intérieur.
Les premiers résultats officiels sont attendus lundi.
Avec AFP