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Reprise imminente des exportations pétrolières en Libye, selon le gouvernement


Des bâtiments endommagés à la suite d'une bataille avec les militants de l'Etat islamique à Syrte, le 7 septembre 2016. (Reuters/ Hani Amara)
Des bâtiments endommagés à la suite d'une bataille avec les militants de l'Etat islamique à Syrte, le 7 septembre 2016. (Reuters/ Hani Amara)

Les exportations pétrolières pourront très bientôt reprendre en Libye, selon une annonce du gouvernement libyen qui se félicite du retour au calme dans la région du Croissant pétrolier où les principaux terminaux sont tombés aux mains des autorités rivales au gouvernement d'union nationale (GNA).

Une reprise des exportations pétrolières, dont les recettes représentent une part très importante du budget de l'Etat, est cruciale pour ce pays qui outre la profonde instabilité sur les plans politique et de la sécurité, fait face à une crise des liquidités.

Les forces du général Khalifa Haftar, liées aux autorités non reconnues basées à Bayda dans l'est du pays, se sont emparées entre dimanche et mardi des terminaux du Croissant pétrolier: Zoueitina, Brega, Ras Lanouf et Al-Sedra.

Ces ports du nord-est libyen étaient jusqu'alors contrôlés par une milice ayant prêté allégeance au GNA, reconnu par la communauté internationale.

Le porte-parole des forces pro-Haftar, Ahmad Mesmari, a ensuite annoncé la remise de la gestion des terminaux à la Compagnie nationale du pétrole (NOC), une institution basée à Tripoli comme le GNA. Mais "la protection" les terminaux restera du ressort des pro-Haftar, a-t-il dit.

Terminaux 'sécurisés'

Le directeur de la NOC, Mustafa Sanalla, a confirmé dans un communiqué que son institution était "chargée des terminaux" désormais "sécurisés".

Il a souligné que les exportations de brut "reprendraient immédiatement à partir des terminaux de Ras Lanouf et Zoueitina, puis de celui de Brega". Elles reprendront d'Al-Sedra "dès que possible".

La NOC a dit qu'elle restait loyale au GNA, tout en ajoutant qu'elle appliquait "les instructions données par le Parlement" basé dans l'Est fidèle aux autorités parallèles.

Quelles que soit les forces qui gardent les installations, les recettes pétrolières doivent être versées à la Banque centrale, qui est sous l'autorité du GNA.

Dans un pays sous la coupe de puissantes milices formées d'ex-rebelles, qui obéissent à leurs propres intérêts -qu'ils soient d'ordre idéologique, tribal ou financier-, les alliances peuvent basculer, et les terminaux pétroliers sont depuis 2011 au centre des luttes de pouvoir.

"La situation en Libye est parfois un peu dure à suivre, et il y a eu des faux départs auparavant, donc l'annonce de la NOC pourrait être prise avec des pincettes par les investisseurs", commentait Olivier Jakob, de Petromatrix, dans une note.

Le contrôle des ports par les forces pro-Haftar "est cependant un nouvel élément (...) Elles ont un intérêt politique à collaborer avec la NOC", a-t-il ajouté.

L'opération du général Haftar a suscité de nouvelles inquiétudes à l'étranger, l'émissaire de l'ONU Martin Kobler mettant en garde contre la "division" de la Libye, toujours plongée dans le chaos près de cinq ans après la chute du régime de Mouammar Kadhafi.

Mais le chef du GNA Fayez al-Sarraj a cherché l'apaisement après la perte du contrôle des terminaux, appelant mercredi "toutes les parties" à "se réunir d'urgence pour discuter d'un mécanisme permettant de sortir le pays de la crise".

Le GNA a été créé en vertu d'un accord signé fin 2015sous l'égide de l'ONU et qui consacrait la mise à l'écart du général Haftar, 73 ans.

Moyen de pression

La prise des terminaux pétroliers pourrait constituer, pour Haftar, un moyen de pression sur les Nations unies pour qu'elles amendent, avec le GNA, l'accord de 2015 et intègrent ainsi ce général dans le jeu politique.

Pour l'International Crisis Group les autorités de Tripoli "doivent éviter de lancer une offensive pour reprendre les terminaux et, au lieu de ça, engager des négociations" avec les pro-Haftar "pour établir des nouveaux arrangements de sécurité" sur ce dossier.

Le GNA s'est installé en mars à Tripoli mais peine à asseoir son autorité sur l'ensemble du pays, livré aux milices et miné par les luttes de pouvoir et les violences depuis 2011.

M. Sarraj est en plus contesté au sein même du GNA, deux de ses membres, les deux vice-Premiers ministres Ali al-Qatrani et Fathi al-Majbari, ayant proclamé leur soutien à l'offensive du général Haftar.

Par ailleurs, les forces pro-GNA ne sont toujours pas parvenues à se débarrasser des derniers jihadistes de la ville de Syrte, tombée aux mains du groupe Etat islamique (EI) en juin 2015.

Avec AFP

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