Deux inculpés ont été placés sous bracelet électronique mercredi par le tribunal de Pikine-Guédiawaye (banlieue de Dakar), ont affirmé à l'AFP un responsable au ministère de la Justice et un autre du centre chargé de surveiller les personnes soumises à ce dispositif, confirmant une information de médias locaux.
Le ministère et le centre n'ont pas donné plus de détails. Les deux personnes sous bracelet électronique sont inculpées pour "association de malfaiteurs, tentative d'escroquerie et usage de faux dans un document adiministratif", a rapporté jeudi le quotidien L'Observateur.
Elles vont porter le bracelet en attendant que l'instruction continue dans cette affaire. Le Sénégal a inauguré mi-novembre à Dakar le centre chargé de surveiller les personnes sous bracelet électronique, une première en Afrique de l'Ouest.
Le pays évoque depuis 2018 l'introduction du bracelet électronique comme alternative à la prison. Elle a été approuvée en juillet 2020 par les députés. Les personnes condamnées pour viol, pédophilie et trafic de drogue sont exclues du champ d'application.
Le recours à cette technologie a suscité des réticences parmi les professionnels de la justice ou les défenseurs des droits. Les réserves portent sur la capacité du système judiciaire de ce pays peu développé à appliquer la mesure, sur l'accès inégal aux moyens de communication permettant de la mettre en oeuvre ou sur l'équité entre justiciables qui en bénéficieraient ou pas.
Des défenseurs des droits disent en outre que le bracelet ne doit pas devenir la solution au problème de fond d'un recours disproportionné au mandat de dépôt.
Les défenseurs des droits humains dénoncent régulièrement les conditions de détention et la surpopulation dans les prisons sénégalaises, le recours quasiment systématique au placement sous mandat de dépôt et la durée des détentions provisoires.
La justice sénégalaise a pour la première fois placé deux inculpés sous bracelet électronique au lieu de les envoyer en prison, inaugurant ainsi le dispositif mis en place pour désengorger les lieux de détention, a-t-on appris jeudi auprès du ministère de la Justice.