Au moins "31 personnes ont été tuées et environ 15O blessées" selon le ministère de la Santé qui craignait deux heures après les faits que le bilan puisse encore évoluer, alors que les victimes ont été réparties dans au moins quatre hôpitaux de Kaboul.
Une explosion s'est produite en fin de cortège alors que plusieurs milliers de manifestants, issus pour l'essentiel de la communauté hazara chiite dans l'Afghanistan majoritairement sunnite, défilaient depuis le matin dans le calme.
L'attentat, le premier depuis le 30 juin dans la capitale afghane, a sans doute été commis par un kamikaze à pied au milieu de la foule dense, a indiqué un porte-parole du ministère de l'Intérieur.
Dans un communiqué le président afghan Ashraf Ghani évoque cependant, en anglais et en dari, "plusieurs explosions", sans autre détail.
Un photographe de l'AFP accouru sur les lieux a rapporté des scènes d'apocalypse, décrivant "des dizaines de corps éparpillés autour de lui" dont beaucoup totalement "démembrés".
"Quand je suis arrivé sur place il y avait des dizaines de corps, plus de vingt que j'ai pu compter, certains totalement démembrés", a-t-il rapporté. "J'ai vu d'autres corps mutilés, embarqués à l'arrière d'un véhicule de la police. Il y a des mares de sang partout", a-t-il ajouté.
Des images insoutenables postées sur les réseaux sociaux montraient des corps martyrisés, à demi-dénudés, gisant au sol au milieu des débris.
"J'ai entendu un bruit sourd tout près de mon oreille" a raconté un organisateur du défilé témoin de la scène, Jawad Naji, à l'AFP. "Il y a beaucoup de morts et de blessés autour de moi, je ne sais plus où je suis".
manifestation bon enfant
Les manifestants, qui défilaient dans une ambiance bon enfant, parfois à vélo, de nombreuses femmes en tête du cortège, entendaient protester contre un projet de ligne à haute tension qui délaisse leur territoire, dans la province de Bamiyan (centre): pour les dirigeants hazaras, ce tracé est un nouveau signe de discrimination à l'égard de leur communauté et de leur province, la moins développée d'Afghanistan.
Selon le photographe de l'AFP, des manifestants en colère ont commencé à s'en prendre aux forces de police qui ont ceinturé la zone de l'attentat, exprimant leur colère face à ce bain de sang.
Dans un communiqué, le président afghan Ashraf Ghani qui a exprimé sa "tristesse" a dénoncé ces "terroristes infiltrés au coeur d'une marche pacifique pur martyriser de nombreux citoyens", signalant que "des membres des forces de sécurité" figurent au nombre des victimes.
Le mouvement taliban a pour sa part démenti toute responsabilité dans un communiqué, les insurgés islamistes dénonçant des "tentatives de divisions" au sein du peuple afghan.
La minorité des Hazaras, qui compte trois millions de personnes, a été persécutée pendant des décennies et des milliers de ses membres ont été tués à la fin des années 1990 par Al-Qaïda et les talibans, majoritairement des pachtounes sunnites.
Cette minorité qui appartient à l'islam chiite dans un pays majoritairement sunnite a été la cible de nouvelles violences au cours des derniers mois, dont des enlèvements et des assassinats qui ont suscité une vague d'indignation sur les réseaux sociaux.
La sécurité en Afghanistan s'est dégradée au cours des derniers mois, depuis le départ des la majorité des troupes étrangères du pays, convainquant les Etats-Unis de prolonger leur présence militaire dans le pays. Au total 8.400 soldats américains resteront déployés sur place jusqu'au début 2017 au lieu des 5.500 initialement prévus.
Le dernier attentat enregistré à Kaboul qui remonte au 30 juin avait visé un convoi de jeunes policiers, faisant plus d'une trentaine de morts et près de 80 blessés.
Avec AFP