Sept journalistes de la télévision publique South Sudan Broadcasting Corporation (SSBC) avaient été interpellés en janvier. Trois journalistes ont depuis été libérés. Ils avaient été arrêtés dans le cadre d'une enquête après la diffusion d'une vidéo, devenue virale en décembre sur les réseaux sociaux, laissant supposer que le chef de l'Etat, âgé de 71 ans, était en train d'uriner sur lui lors d'une cérémonie officielle.
La vidéo montre Salva Kiir, vêtu de son chapeau noir et en costume gris clair, avec une tâche sombre qui se répand sur sa jambe gauche. Mardi, "deux journalistes ont été remis en liberté, Victor Ladu et Mustapha Osman", s'est félicité Patrick Oyet, président de l'UJOSS.
"Nous demandons toujours au gouvernement la libération de Garang John et Jacob Benjamin qui sont encore derrière les barreaux", a-t-il poursuivi, appelant les autorités à "respecter la loi". "S'il y a une affaire, les journalistes doivent être traduits en justice, sinon ils doivent être libérés", a exhorté M. Oyet.
Le Soudan du Sud, pays enclavé d'Afrique de l'Est, pointe à la 128e place du classement de l'ONG Reporters sans frontières (RSF) en matière de liberté de la presse. RSF affirme que "la liberté de la presse est très précaire au Soudan du Sud, où les menaces et intimidations à l’encontre des journalistes et médias sont permanentes et où la censure règne".
Après avoir obtenu son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud, plus jeune Etat de la planète, a sombré dans une guerre civile entre les ennemis jurés Riek Machar et Salva Kiir, qui a fait près de 400.000 morts et des millions de déplacés entre 2013 et 2018. Un accord de paix signé en 2018 prévoit le principe d'un partage du pouvoir au sein d'un gouvernement d'union nationale, avec M. Kiir au poste de président et M. Machar à celui de vice-président.
Mais il reste largement inappliqué, en raison des querelles persistantes entre les deux rivaux, laissant le pays en proie à la violence à l'instabilité chronique. L'ONU et la communauté internationale accusent régulièrement les dirigeants sud-soudanais de maintenir un statu quo, d'attiser les violences, de réprimer les libertés politiques et de détourner les fonds publics.