Le Soudan est plongé dans une crise politique depuis le putsch mené par le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, et ayant fait dérailler la transition vers un pouvoir entièrement civil, près de deux ans après la chute du dictateur Omar el-Béchir, au pouvoir durant trois décennies.
Samedi, l'émissaire de l'ONU au Soudan Volker Perthes avait annoncé son intention de lancer lundi des pourparlers avec "tous les acteurs clés, civils et militaires" pour tenter de résoudre la crise.
Cette annonce a cependant été accueillie avec peu d'enthousiasme par nombre de parties civiles.
Les Forces de la liberté et du changement (FLC), fer de lance de la révolte qui a entraîné l'éviction de Béchir en 2019, ont indiqué n'avoir reçu "aucun détail" de la part de l'ONU sur ces pourparlers.
"Nous sommes prêts à participer aux pourparlers à condition que le but soit de reprendre la transition démocratique et de supprimer le régime du coup d'Etat, mais nous sommes contre si ces pourparlers cherchent à légitimer ce régime", a déclaré à l'AFP Gaafar Hassan, un porte-parole des FLC.
Dimanche, l'Association des professionnels soudanais, au rôle déterminant dans les manifestations anti-Béchir, a déclaré qu'elle "rejetait complètement" de tels pourparlers.
Selon l'ONU, les discussions sous son égide ont pour objectif d'aider les parties soudanaises "à se mettre d'accord sur une issue à la crise politique actuelle et à s'accorder sur une voie durable vers la démocratie et la paix", a indiqué lundi M. Perthes, qui doit donner une conférence de presse lundi à 14h00 (12h00 GMT).
Les Etats-Unis, le Royaume-Uni ainsi que les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite et l'Egypte ont eux salué l'initiative, alors que le pays est en proie aux manifestations et violences.
La semaine dernière, le Premier ministre et visage civil de la transition, Abdallah Hamdok a démissionné à l'issue d'une nouvelle journée de manifestations ayant fait trois morts.
M. Hamdok avait pu reprendre ses fonctions le 21 novembre après avoir été limogé avec son gouvernement lors du coup d'Etat.
Les manifestations organisées régulièrement par les Soudanais contre le pouvoir militaire sont l'objet d'une violente répression qui a fait depuis le 25 octobre au moins 63 morts, selon le dernier bilan du Comité des médecins soudanais, proche du mouvement de contestation.
Les autorités contestent régulièrement avoir eu recours à des balles contre les manifestants et ajoutent que de nombreux membres des forces de sécurité ont été blessés lors d'affrontements avec des protestataires.
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir mercredi pour discuter des développements au Soudan.