La décision de livrer ou non l'ancien président soudanais Omar el-Béchir à la Cour pénale internationale, qui souhaite le juger pour génocide au Darfour, reviendra à un gouvernement élu, a assuré lundi un représentant du Conseil militaire de transition désormais au pouvoir au Soudan.
"La décision d'extrader ou non Béchir vers la CPI sera prise par un gouvernement populaire élu et non par le Conseil militaire de transition", a déclaré le général Jalaluddin Sheikh, membre du Conseil militaire de transition, au cours d'une conférence de presse à l'ambassade du Soudan en Ethiopie.
Le général était à Addis Abeba pour s'entretenir avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.
Omar el-Béchir est visé par deux mandats d'arrêt internationaux émis par la CPI en 2009 et 2010 pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre qui auraient été commis au Darfour entre 2003 et 2008 au moins.
Le conseil militaire avait précédemment affirmé qu'il refuserait d'extrader M. Béchir ou tout autre citoyen soudanais.
Jalaluddin Sheikh a par ailleurs réitéré lundi l'intention du Conseil militaire de mener une période de transition d'un "maximum de deux ans", au terme de laquelle le pouvoir sera remis à une autorité civile.
Les appels de la communauté internationale à une passation de pouvoir rapide entre l'armée et une autorité civile se sont toutefois multipliés ces derniers jours. Dernière organisation en date à formuler une telle demande, l'Union africaine a menacé lundi de suspendre le Soudan ne quitte pas le pouvoir d'ici 15 jours.
La dissolution du Conseil militaire de transition a également été réclamée lundi par les organisateurs de la contestation au Soudan, au 10e jour d'un sit-in rassemblant des milliers de manifestants.
Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1989, Omar el-Béchir, 75 ans, a été renversé jeudi par les militaires, près de quatre mois après le début d'un mouvement de contestation inédit qui a fini par s'installer le 6 avril devant le QG de l'armée, pour réclamer le soutien des militaires.
Son départ n'a pas calmé les manifestants, qui réclament justice.
Créée en 2002 pour juger des pires atrocités commises dans le monde, la CPI ne dispose pas de sa propre force de police pour arrêter les suspects qu'elle recherche. Cet élément constitue un obstacle continuel pour la Cour, qui dépend ainsi du bon vouloir des Etats concernant l'exécution des mandats d'arrêt qu'elle publie.
Plusieurs Etats membres ont d'ailleurs refusé d'arrêter M. Béchir, qui a continué de voyager dans certains pays sans être inquiété, malgré les appels des défenseurs des droits de l'Homme à l'interpeller. C'est notamment le cas pour l'Afrique du Sud et la Jordanie.