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Syrie: retranchés dans leur ultime réduit, les jihadistes de l'EI sommés de se rendre


Un village repris récemment aux combattants de l'État islamique, par les Forces démocratiques syriennes soutenues par les États-Unis, près de Baghouz, en Syrie, le 17 février 2019.
Un village repris récemment aux combattants de l'État islamique, par les Forces démocratiques syriennes soutenues par les États-Unis, près de Baghouz, en Syrie, le 17 février 2019.

Les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) n'ont d'autre choix que la "capitulation", a averti une alliance arabo-kurde soutenue par Washington à l'offensive contre ce dernier lambeau du "califat".

Cet avertissement a été lancé lundi alors que les ministres européens des Affaires étrangères réunis à Bruxelles réagissaient avec tiédeur à l'appel du président américain Donald Trump à rapatrier les étrangers ayant rallié l'EI, et retenus aujourd'hui par la force arabo-kurde.

A son apogée, l'EI avait attiré des milliers d'étrangers dans les régions qu'il avait conquises dès 2014 en Syrie et en Irak. Mais du "califat" autoproclamé, il ne reste plus qu'une poche de moins d'un demi-kilomètre carré, à Baghouz, village de la province de Deir Ezzor aux confins orientaux de la Syrie.

L'offensive des Forces démocratiques syriennes (FDS) bute maintenant sur la résistance d'une poignée de jihadistes jusqu'au-boutistes.

Depuis une position des FDS tout près du front, une journaliste de l'AFP a pu observer lundi le bout de territoire qui reste encore aux mains de l'EI. Quelques personnes se déplacent entre des tentes blanches, dont une femme toute de noir vêtue et des hommes masqués.

"Vous voyez ces gens, qui se déplacent derrière le camion-citerne", explique à l'AFP un combattant des FDS. Pour lui, impossible de dire "s'il s'agit de combattants ou de civils".

Retranchés pour la plupart dans des tunnels, sous un océan de mines, les jihadistes empêchent la sortie de centaines de civils transformés en "boucliers humains", selon les FDS et la coalition internationale dirigée par Washington.

"Les affrontements sont très limités et sporadiques. Jusque-là, il n'y a aucun changement sur le terrain", reconnaît un porte-parole des FDS, Mustefa Bali.

- Négociations? -

Selon une source au fait des opérations militaires anti-EI, des "centaines" de combattants de l'EI auraient réclamé leur transfert vers la province d'Idleb, tenue par un autre groupe jihadiste dans le nord-ouest de la Syrie. Ils exigent d'être accompagnés par les derniers civils qui serviraient de "boucliers humains".

Cette proposition aurait reçu une fin de non-recevoir, selon cette source ayant requis l'anonymat.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a confirmé le rejet de cette requête par les FDS.

L'AFP n'a pu obtenir aucune confirmation officielle de ces informations auprès des forces engagées dans la bataille.

Une source au sein des FDS a toutefois assuré qu'aucune "négociation" n'était possible. "L'EI n'a pas d'options (...), il est encerclé et n'a d'autre choix que la capitulation", a-t-elle souligné.

Ces dernières semaines, des milliers de personnes fuyant l'EI ont été transférées vers le camp de déplacés d'Al-Hol (nord). L'ONG Comité international de secours a annoncé lundi que 62 d'entre elles sont décédées en route, durant un trajet qui dure environ six heures dans des bétaillères, ou peu après leur arrivée. Les deux tiers étaient des enfants de moins d'un an.

Depuis le début de leur lutte contre l'EI, des centaines de jihadistes étrangers ont été arrêtés par les FDS.

Les hommes sont maintenus en prison, les femmes et les enfants dans des camps de déplacés.

L'administration semi-autonome kurde refuse de les juger sur place et réclame leur rapatriement. Mais les puissances occidentales sont réticentes.

- Rencontre européenne -

Lundi à Bruxelles, la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a annoncé qu'il n'y aurait "pas de décision au niveau de l'Union européenne", ajoutant que ce dossier "relève de la compétence de chaque gouvernement". Elle n'a toutefois pas écarté "une réflexion commune".

La veille, le président Trump avait pressé les Européens d'agir: "Les Etats-Unis demandent à la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et aux autres alliés européens de reprendre plus de 800 combattants de l'EI que nous avons capturés en Syrie afin de les traduire en justice".

Le Royaume-Uni a rejeté cet appel, estimant que les jihadistes étrangers devront être jugés "dans la région où les crimecs ont été commis". Paris, Bruxelles et Berlin ont aussi réagi par la négative ou avec tiédeur.

"Nous n'avons en Syrie aucun gouvernement sur lequel nous appuyer", a pointé la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen.

La Suède se montre également très rétive. Le fait de partir rejoindre une organisation terroriste n'étant un délit prévu par sa loi pénale que depuis 2016, elle risquerait de voir revenir une centaine de combattants qu'elle ne pourrait juger.

Le sujet est d'autant plus sensible que M. Trump s'est engagé en décembre à retirer les quelques 2.000 militaires américains déployés en Syrie. Ce désengagement, et la menace d'une offensive turque contre les forces kurdes, font craindre un chaos sécuritaire qui profiterait à une éventuelle résurgence de l'EI.

Outre le dernier réduit objet de l'offensive actuelle, les jihadistes de l'EI sont dispersés dans le vaste désert central de la badiya et revendiquent des attaques menées par des "cellules dormantes" dans les régions des FDS.

La bataille anti-EI représente aujourd'hui le principal front de la guerre en Syrie, qui a fait plus de 360.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés depuis 2011.

Mais les violences se poursuivent dans d'autres zones. Lundi au moins 24 personnes, dont quatre enfants, ont été tuées dans deux explosions successives ayant frappé la ville d'Idleb (nord-ouest), dominée par une autre organisation jihadiste, Hayat Tahrir al-Cham (HTS), selon l'OSDH.

Avec AFP

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