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Syrie: suite attendue des évacuations médicales dans une région rebelle assiégée


Des enfants attendant leur évacuation, Douma, la Ghouta orientale, Syria, le 27 décembre2017.
Des enfants attendant leur évacuation, Douma, la Ghouta orientale, Syria, le 27 décembre2017.

Les évacuations de civils gravement malades de la Ghouta orientale, une région rebelle de Syrie proche de Damas et assiégée par le régime depuis 2013, doivent se poursuivre vendredi.

La porte-parole en Syrie du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Ingy Sedki, a indiqué jeudi à l'AFP que 12 malades, en majorité des enfants, avaient pu quitter la Ghouta orientale mercredi soir pour être transportés vers des hôpitaux de Damas.

Un correspondant de l'AFP à Douma, grande ville de la Ghouta, a vu dans une des ambulances Abdel Rahmane, un bébé de sept mois dans les bras de sa mère avec un appareil d'assistance respiratoire.

Un ambulancier tentait de faire sourire un autre bébé avant de le déposer dans le véhicule médicalisé pour son transfert.

"La plupart souffrent de cancer, de maladies chroniques et de maladies du coeur", a précisé Ingy Sedki. La veille, quatre patients avaient été évacués par le Croissant-Rouge syrien et le CICR.

Au total 16 personnes ont ainsi pu sortir de cette région assiégée en proie à une crise humanitaire aiguë, un nombre encore très éloigné des 500 personnes que l'ONU appelle à évacuer.

Avec les retards et blocages sur ce dossier, 16 patients sont déjà morts depuis novembre.

Quelque 400.000 habitants sont pris au piège dans la Ghouta orientale, région à l'est de Damas assiégée depuis 2013 par les troupes du régime du président Bachar al-Assad et touchée par de graves pénuries alimentaires et médicales.

- 'Pas un bon accord' -

Les évacuations médicales comme les livraisons d'aide humanitaire dans la Ghouta ne peuvent se faire qu'avec l'autorisation du régime syrien, qui a réussi avec l'appui militaire russe et iranien à reprendre la plus grande partie des territoires dont les rebelles avaient pris le contrôle.

Jeudi, l'armée syrienne, soutenue par des frappes aériennes russes, a progressé aux portes de la province d'Idleb, dans le nord-ouest, la dernière à échapper entièrement au régime, selon une ONG, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Depuis le début de la semaine, de violents combats se déroulent à la périphérie de cette province entre les forces du régime et le groupe Fateh al-Cham, l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, qui contrôle l'immense majorité de la province, a déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.

Selon le groupe rebelle qui tient la Ghouta, Jaich al-Islam, un accord a été passé avec le régime de Damas sur les évacuations.

"Nous avons accepté la libération d'un certain nombre de prisonniers en échange de l'évacuation des cas humanitaires les plus urgents", a précisé ce groupe.

Selon une ONG, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), l'accord entre rebelles et régime a été conclu avec le soutien de la Turquie, soutien des insurgés.

Vingt-six personnes détenues par les rebelles de Jaich al-Islam ont ainsi été libérées en vertu de l'accord, en échange de l'évacuation des malades.

Le chef du groupe de travail humanitaire de l'ONU pour la Syrie, Jan Egeland, s'est montré critique envers l'accord.

Ce n'est "pas un bon accord s'ils échangent des enfants malades contre des détenus. Cela veut dire que les enfants sont devenus une monnaie d'échange dans cette lutte acharnée", a déclaré M. Egeland à la BBC.

"Cela ne devrait pas arriver. Ils (les malades) ont le droit d'être évacués et nous avons l'obligation de les évacuer", a-t-il ajouté.

Dernier fief de la rébellion près de Damas, la Ghouta fait partie des quatre "zones de désescalade" définies en mai par la Russie et l'Iran, alliés du régime, et la Turquie, pour tenter d'obtenir un cessez-le-feu durable en Syrie. Mais le régime y a récemment intensifié ses bombardements.

Autrefois région agricole importante, la Ghouta a été ravagée par les combats. Des immeubles sont éventrés et des rues entières inhabitables. Le siège a provoqué une flambée des prix.

Fin octobre, l'ONU a condamné la "privation de nourriture délibérée de civils" comme une tactique de guerre, après la publication de photos "choquantes" d'enfants squelettiques dans la Ghouta.

Et en novembre, l'Unicef a dénoncé la pire crise de malnutrition en Syrie depuis le début de la guerre en 2011, avec 11,9% des enfants de moins de cinq ans souffrant de sévère malnutrition, contre 2,1% en janvier.

La guerre en Syrie, qui implique de multiples acteurs, a fait plus de 340.000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés depuis mars 2011.

Avec AFP

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