Après plusieurs mois de cantonnement dans un camp de transit à Baga Sola, ces repentis de Boko Haram ont été confiés à leurs chefs des communautés. Des sensibilisations ont été faites auprès de la population pour ne pas les stigmatiser mais plutôt les accepter dans la communauté comme leurs frères. A Yakoua, un des villages abritant une partie de ces repentis situé à une dizaine de km de Bol chef-lieu de la région du Lac ou nous nous sommes rendus, quelques repentis expliquent comment ils ont été enrôlés dans cette secte.
Une jeune femme a confié à VOA Afrique son histoire : "je vivais avec mon mari quand les Boko Haram sont venus dans notre village. Ils ont tué des gens et brulé toutes nos maisons. Ils nous ont dit que si nous ne partions pas avec eux, ils allaient aussi nous tuer. C’est ainsi qu’on a décidé de partir avec eux en abandonnant nos deux enfants. Nous n'avions rien à manger. A chaque attaque de village, quand les habitants avaient fui, on ramassait leurs provisions qu'on se partageait pour manger. Chemin faisant, mon mari a été tué et ils ont voulu me donner un autre mari mais j’ai refusé. Ils m’ont menacé et j’ai fui pour venir ici après avoir combattu pendant trois ans avec les Boko Haram."
Un homme a aussi raconté à VOA Afrique qu'il n'avait pas rejoint le groupe sectaire de son plein gré :
"On m’a enrôlé aussi de force. Un jour, j’ai décidé de fuir. Soudain je suis tombé devant deux groupes de Boko Haram qui s’affrontaient et j’ai échappé à la mort de justesse pour ensuite regagner la légalité. Mon village s’appelle Djoukouli situé sur les îles du Lac. Tous les jours, durant les trois ans que j’ai passé avec eux, ils nous ont appris comment faire exploser une bombe. Mais moi je n’ai tué personne. Maintenant que j’ai retrouvé mes parents, je ne vais plus repartir. Si je repartais, ils vont me tuer."
Un agent humanitaire qui a requis l’anonymat, a déclaré à la VOA Afrique que les autorités locales font de la gestion de ces repentis leur fond de commerce.
Pour le gouverneur de la région du Lac Adoum Forteil, il n’y a aucun problème dans la gestion de ces repentis. Il invite par ailleurs les organisations humanitaires de les aider à se prendre en charge.
Selon certains témoignages, beaucoup sont repartis lassés d’attendre leur réinsertion qui tarde à se concrétiser.
André Komadjingar à N'Djamena.