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Des chars vus près d'Harare après des menaces du chef de l'armée


Des auto-blindés circulent dans les rues de Harare, Zimbabwe, 14 novembre 2017. (Twitter/Jupiter Punungwe‏)
Des auto-blindés circulent dans les rues de Harare, Zimbabwe, 14 novembre 2017. (Twitter/Jupiter Punungwe‏)

Un convoi militaire en mouvement a été vu mardi près de la capitale zimbabwéenne, Harare, ajoutant au climat de tension au lendemain d'une mise en garde sans précédent du chef de l'armée à l'encontre du président Robert Mugabe.

"J'ai vu un long convoi de véhicules militaires, dont des chars, il y a environ une heure. Je ne sais pas dans quelle direction ils allaient", a déclaré à l'AFP sous couvert de l'anonymat une vendeuse près du centre commercial Westgate, à environ 10 km du centre de la capitale.

Une deuxième témoin a confirmé à l'AFP avoir vu le convoi. La raison de la présence de ce convoi n'était pas claire dans l'immédiat.

Un témoin contacté par VOA Afrique a rapporté que la vie a poursuivi son cours normal à Harare.

Les militaires prennent le pouvoir au Zimbabwe (vidéo)
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"Je n’ai rien vu sauf des nouvelles et des photos postés sur les réseaux sociaux ", a témoigné sur place un habitant de Harare.

L’homme affirme avoir fait le tour de la ville sans apercevoir des chars ni patrouilles militaires.

"J’ai circulé un peu, j’étais dans le quartier industriel vers la route de Bulawayo mais je n’ai rien vu. Les gens sont allés au boulot les gens ont vaqué à leurs activités ", a insisté le témoin.

D’autres sources ont aussi confirmé que la situation était normale dans la ville malgré la tension liée à la mise en garde du commandant de l’armée au régime du président Robert Mugabe.

Le porte-parole de l'armée n'était pas joignable pour le moment.

Le commandant de l’armée zimbabwéenne Constantino Chiwenga lors d’une conférence de presse à Harare, Zimbabwe, 13 novembre 2017.
Le commandant de l’armée zimbabwéenne Constantino Chiwenga lors d’une conférence de presse à Harare, Zimbabwe, 13 novembre 2017.

Ces événements ajoutent à l'incertitude régnant dans le pays depuis la décision la semaine dernière du président Mugabe, 93 ans, de révoquer le vice-président Emmerson Mnangagwa, pourtant longtemps pressenti comme dauphin du président.

M. Mnangagwa, 75 ans, a été humilié et démis de ses fonctions la semaine dernière et a fui le pays, après un bras de fer avec la première dame, Grace Mugabe, 52 ans. Figure controversée au tempérament de feu, Mme Mugabe compte de nombreux opposants au sein du parti et du gouvernement.

Dans une mise en garde sans précédent, le chef de l'armée, le général Constantino Chiwenga, a dénoncé lundi l'éviction la semaine dernière du vice-président du pays et prévenu que l'armée pourrait "intervenir" si cette "purge" ne cessait pas au sein du parti présidentiel, la Zanu-PF, au pouvoir depuis l'indépendance en 1980.

"La purge actuelle qui vise clairement les membres du parti qui ont été engagés dans la guerre d'indépendance doit cesser (...) Nous devons rappeler à ceux qui sont derrière ces dangereuses manigances que lorsqu'il s'agit de protéger notre révolution, l'armée n'hésitera pas à intervenir", a martelé lundi le général Chiwenga.

Ses déclarations semblent viser les efforts de plus en plus offensifs de Grace Mugabe pour se rapprocher du pouvoir et critiquer publiquement ses opposants, dont M. Mnangagwa. Avec l'éviction de ce dernier, elle se retrouve en position idéale pour succéder à son époux.

'Tournant majeur'

A la tête depuis 37 ans d'un régime autoritaire et répressif, Mugabe a été investi par la Zanu-PF pour la présidentielle de 2018, malgré son grand âge et sa santé fragile.

Réagissant à la menace du chef de l'armée, le principal parti d'opposition zimbabwéen, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), s'est clairement positionné contre une prise du pouvoir des militaires.

"Personne ne veut voir de coup d'Etat - et je ne dis pas qu'il va y en avoir un. Il n'est pas souhaitable que l'armée prenne le pouvoir. Cela donnera un coup d'arrêt à la démocratie, et ce n'est pas sain pour le pays", a déclaré à l'AFP un haut responsable du parti, Gift Chimanikire.

La branche jeunesse de la Zanu-PF a également fait savoir dans un communiqué qu'elle s'opposait vivement à une prise de pouvoir de l'armée.

Mardi à Harare, les rumeurs allaient bon train sur une possible révocation par Mugabe du chef de l'armée, qui est considéré comme un allié de M. Mnangagwa. Le général Chiwenga, 61 ans, et M. Mnangagwa ont tous deux été des figures majeures - tout comme Mugabe - de la lutte pour l'indépendance du Zimbabwe.

M. Mnangagwa était vu comme l'un des lieutenants les plus fidèles de Mugabe, ayant travaillé à ses côtés depuis plus de 40 ans, et l'ex vice-président entretient des liens étroits avec les militaires.

Cette crise "marque une nouvelle étape alarmante dans la course à la succession" de Mugabe, a relevé l'analyste politique Alex Magaisa. "(Mugabe) a déjà par le passé demandé à l'armée de rester à l'écart de la course pour prendre la tête de la Zanu-PF. Son autorité sur l'armée n'a jamais été testée à ce point. S'il ne fait rien, cela pourra être interprété comme un signe de faiblesse. S'il intervient, cela pourrait déclencher une confrontation ouverte", souligne l'expert.

Pour Shadrack Gutto, directeur du Centre African Renaissance Studies à l'Université d'Afrique du Sud, l'armée "n'acceptera pas Grace Mugabe comme présidente du Zimbabwe (...) Nous sommes à un tournant majeur du Zimbabwe parce que Robert Mugabe est à moitié sénile", a jugé l'expert.

Le parti de Mugabe accuse le chef de l'armée "de conduite relevant de la trahison"

Le parti du président zimbabwéen Robert Mugabe a accusé mardi le chef de l'armée de "conduite relevant de la trahison" après que ce dernier eut adressé lundi une mise en garde sans précédent au chef de l'Etat.

Dans un communiqué, le parti présidentiel, la Zanu-PF, affirme que les critiques du chef de l'armée, le général Constantino Chiwenga, étaient "clairement destinées à perturber la paix nationale (...) et démontrent une conduite relevant de la trahison de sa part étant donné que cela a été fait pour encourager au soulèvement".

Mardi, plusieurs chars en mouvement ont été vus près de la capitale, Harare, ajoutant au climat de tension et aux inquiétudes des habitants au lendemain d'une mise en garde sans précédent du chef de l'armée à l'encontre de Robert Mugabe.

La raison de la présence de ce convoi n'était pas claire dans l'immédiat. Le porte-parole de l'armée n'était pas joignable pour le moment.

Le général Chiwenga avait dénoncé lundi l'éviction la semaine dernière du vice-président du pays, Emmerson Mnangagwa, et prévenu que l'armée pourrait "intervenir" si cette "purge" ne cessait pas au sein de la Zanu-PF, au pouvoir depuis l'indépendance en 1980.

M. Mnangagwa, 75 ans, longtemps pressenti comme dauphin du président, a été humilié et démis de ses fonctions la semaine dernière et a fui le pays, après un bras de fer avec la première dame, Grace Mugabe, 52 ans.

L'ancien vice-président était pourtant vu comme l'un des lieutenants les plus fidèles de Mugabe, ayant travaillé à ses côtés depuis plus de 40 ans. Il entretenait des liens étroits avec les militaires.

Figure controversée, connue pour ses violents accès de colère, Mme Mugabe, qui dirige la branche féminine du parti de son mari, compte de nombreux opposants au sein du parti et du gouvernement.

Les déclarations du chef de l'armée semblent viser les efforts de plus en plus offensifs de Grace Mugabe, 52 ans, pour se rapprocher du pouvoir et critiquer publiquement ses opposants, dont M. Mnangagwa. Avec l'éviction de ce dernier, elle se retrouve en position idéale pour succéder à son époux âgé de 93 ans.

Malgré son grand âge et sa santé fragile, Mugabe a été investi par la Zanu-PF pour la présidentielle de 2018.

Avec AFP

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