Theresa May va, selon ses services, "tenter d'établir des relations de travail solides" avec deux de ses plus importants partenaires européens et expliquer pourquoi son gouvernement "a besoin de temps" avant d'ouvrir les négociations du divorce avec l'Union européenne.
"Je suis déterminée à ce que le Royaume-Uni fasse de la sortie de l'Union européenne un succès et c'est pourquoi j'ai décidé de me rendre à Berlin et Paris si tôt après avoir pris mes fonctions", a indiqué dans un communiqué la nouvelle Première ministre qui est attendue mercredi à Berlin pour un dîner de travail avec la chancelière Angela Merkel.
"Je ne sous-estime pas le défi de négocier notre sortie de l'UE et je crois fermement qu'être capable de parler franchement et ouvertement des problèmes auxquels nous sommes confrontés sera un élément important d'une négociation réussie", a-t-elle ajouté.
Après Berlin, la Première ministre se rendra jeudi à Paris pour y rencontrer à partir de 18h30 (16h30 GMT) le président François Hollande.
Au menu des discussions figureront "la lutte contre le terrorisme et les questions de sécurité extérieure, la mise en oeuvre du Brexit et l'importance de la relation bilatérale", a précisé la présidence française.
"Theresa May doit construire des ponts avec ses homologues. Jusqu'à présent, elle était considérée comme quelqu'un qui se concentrait sur le ministère de l'Intérieur", a déclaré à l'AFP le professeur Iain Begg, de l'Institut européen de la London School of Economics.
"Ses premières étapes sont les deux capitales les plus importantes d'Europe où elle va dire clairement ce qu'elle veut, ce qu'elle défend, le calendrier qu'elle a en tête pour le Brexit et comment elle compte procéder", a-t-il ajouté.
- 'Cerner son homologue' -
Si la chancelière a tout d'abord demandé une clarification "rapide" des intentions britanniques post-Brexit, elle est ensuite apparue plus disposée que d'autres, et notamment François Hollande, à donner du temps à la nouvelle Première ministre pour préciser ses plans.
"Je me réjouis de faire sa connaissance", a déclaré Mme Merkel mardi dernier à la chaîne de télévision allemande Sat.1, se disant prête à "donner au gouvernement britannique le temps de réfléchir" à "la relation qu'il veut avec l'Union européenne".
"La notification (de la demande de sortie) viendra bien ensuite", a-t-elle ajouté.
Une souplesse dictée par les intérêts économiques allemands : le Royaume-Uni absorbe en effet 8% des exportations allemandes et accueille de nombreuses usines de groupes allemands.
"Pour Merkel, il va clairement y avoir une période pendant laquelle elle va tenter de cerner qui est son homologue, avec la spécificité de leurs histoires : toutes deux filles de pasteur avec des maris discrets, sans enfants et amatrices de marche dans les Alpes", a estimé Iain Begg.
Du côté du président français, la priorité a été mise sur l'organisation "le plus rapidement possible" des négociations de sortie de l'UE du Royaume-Uni.
"Pour Hollande, il y a manifestement la crainte d'une contagion du Brexit en France", a jugé Iain Begg.
"Il va vouloir faire comprendre à Theresa May qu'elle ne peut pas retarder cela indéfiniment ou s'attendre à de gros cadeaux de la France parce que M. Hollande doit penser à la politique intérieure et voudra éviter d'encourager les autres", a-t-il ajouté.
Pour Nina Schick, directrice de la communication du cercle de réflexion Open Europe, "Paris et Berlin sont assez divisés sur ce que doit être l'avenir de l'UE".
Si Angela Merkel peut temporiser pendant un temps, "la bonne volonté politique sera perdue si le Royaume-Uni tarde trop à activer l'article 50 du Traité de Lisbonne", a-t-elle dit à l'AFP.
"C'est un subtile exercice d'équilibriste que Theresa May doit réussir".
Comme un écho, le président du Conseil européen Donald Tusk a appelé lundi Theresa May à organiser "un divorce de velours" avec l'UE.
Avec AFP