Le vice-président des Etats-Unis Mike Pence a certes promis mercredi à la Corée du Nord une réponse "écrasante" en cas d'attaque, devant des soldats américains rassemblés sur le pont du porte-avions américain Ronald Reagan, stationné au Japon.
Alors que plane toujours la menace d'un sixième essai nucléaire de la part du régime reclus, le numéro deux de l'exécutif américain avait déjà affirmé que "toutes les options", y compris militaires, étaient "sur la table".
Pourtant "l'armada" américaine "très puissante" promise par Donald Trump près de la péninsule coréenne pour dissuader Pyongyang de mener un essai balistique ou nucléaire n'a pas encore commencé à naviguer vers cette zone, a reconnu mardi un responsable américain de la Défense.
En dépit des effets d'annonce, le porte-avions américain Carl Vinson et son escorte ont pris une route inverse vers l'Australie. Ils devraient toutefois prendre la direction du Japon dans les 24 heures, selon ce responsable.
En fait, de hauts responsables de l'administration Trump confient miser surtout sur la Chine pour qu'elle exerce suffisamment de pressions politiques et économiques sur son puissant voisin afin que ce dernier abandonne ses dangereux programmes nucléaire et balistique, bannis par l'ONU.
'Maximum de pression'
"Nous avons pris la décision (...) d'exercer le maximum de pression, de pression économique, sur le régime nord-coréen pour qu'il prenne des mesures concrètes afin de revenir sur ses programmes illégaux", a affirmé la secrétaire d'Etat adjointe chargée de l'Asie Pacifique Susan Thornton.
Le chef du Pentagone Jim Mattis a déclaré pour sa part mardi que les Etats-Unis et la Chine travaillaient "étroitement" sur le dossier nord-coréen, partageant un "même intérêt".
Donald Trump lui aussi s'est dit confiant que Pékin puisse l'aider, surtout après sa rencontre avec son homologue chinois Xi Jinping dans sa résidence privée de Floride.
Il a salué sur la chaîne Fox le fait que la Chine avait commencé à arrêter ses importations de charbon nord-coréen. "Personne n'a jamais vu ça. Personne n'a jamais vu de notre côté une réponse aussi positive de la Chine", a souligné le président américain qui, à la faveur de cette séquence, a abandonné sa rhétorique anti-chinoise dans le domaine commercial.
Mais Pékin a déjà promis par le passé de persuader son allié d'arrêter sa course aux armements et les experts doutent que la Chine honore cette promesse aujourd'hui.
"Je ne pense toujours pas que la Chine va mettre la pression nécessaire sur la Corée du Nord", estime Anthony Ruggiero, de la Foundation for Defense of Democracies.
Cibler la Chine elle-même
Signe de la pression toute relative qu'exerce Pékin sur son turbulent voisin, les importations chinoises en provenance de Corée du Nord ont gonflé de presque 20% au premier trimestre, en dépit des sanctions internationales et de la suspension des achats de charbon.
M. Ruggiero pense que Pékin ne sanctionnera pas son voisin tant qu'aucune mesure ne sera prise contre les banques chinoises collaborant avec Pyongyang.
Plusieurs entreprises et banques chinoises travaillent avec des réseaux nord-coréens pour contourner les sanctions des Nations unies, affirme-t-il, et seule la menace d'une action en justice par les Etats-Unis les arrêtera, selon lui.
"La seule manière pour que ça fonctionne c'est de cibler les Chinois eux-mêmes", dit-il.
La Corée du Nord ne semble pas s'inquiéter d'un éventuel renforcement des sanctions. Ses dirigeants entendent poursuivre leurs essais balistique et nucléaire et l'ambassadeur adjoint de la Corée du Nord à l'ONU a promis les "plus dures représailles" à toute frappe américaine.
Les Etats-Unis ont plus de 28.000 soldats en Corée du Sud et d'importants actifs militaires dans la région. La Corée du Nord a elle de l'artillerie à portée de Séoul.
La Corée du Sud, qui est en pleine campagne électorale, s'inquiète elle du risque que le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un et Donald Trump ne mettent en pratique leurs discours guerriers.
Si la Chine échoue à contraindre son voisin, les Etats-Unis et leurs alliés s'occuperont "seuls" de la Corée du Nord, a prévenu Donald Trump.
Avec AFP