La Chambre des représentants, chambre basse du Congrès, votera jeudi sur un texte abrogeant et remplaçant "Obamacare", promesse de campagne et première grande réforme du mandat du 45e président des Etats-Unis.
Mais la droite du parti républicain estime la proposition de loi encore trop dispendieuse pour l'Etat fédéral, tandis que les modérés s'inquiètent de la hausse prévue du coût de l'assurance-maladie pour certaines populations, et de la perte de couverture de 14 millions d'Américains dès 2018, année des élections législatives.
"Grande journée pour la santé. Travaille dur!", a écrit mercredi Donald Trump sur Twitter.
Lors d'une réunion consacrée aux femmes dans le système de santé, le président a répété ses griefs contre Obamacare, qui selon lui "empêche les médecins, les infirmières et les professionnels de santé de faire leur travail".
Interrogé sur le vote de jeudi, il a seulement répondu: "Nous verrons ce qui se passe".
Plusieurs élus républicains étaient également présents à la Maison Blanche pour une ultime journée de marchandages.
Le scrutin s'annonce très serré. La minorité démocrate est totalement opposée, ce qui force les chefs républicains à limiter les défections au sein de leur groupe à une vingtaine seulement, sur 237 représentants.
Les frondeurs les plus tapageurs sont ceux du "Freedom Caucus", le "groupe de la liberté", descendants des ultra-conservateurs du Tea Party de 2010. Ils ont qualifié le plan républicain d'"Obamacare Light" car il maintiendrait des crédits d'impôts pour aider les Américains à payer leur assurance-maladie, alors qu'ils auraient voulu désengager l'Etat fédéral encore plus.
Pour essayer de les ramener au bercail, les chefs républicains ont amendé leur texte cette semaine. Ils ont par exemple ajouté une clause obligeant les bénéficiaires du programme public de couverture-maladie Medicaid, destinés aux plus pauvres, à travailler.
Mais le bras de fer continue et le résultat final se jouera à quelques voix près. Paul Ryan, le président de la Chambre, pourrait aussi décider de reporter le vote s'il était certain d'un échec.
"Nous sommes en phase de pré-négociation", a assuré Rand Paul, sénateur républicain qui fomente la rébellion de ses collègues de la Chambre. "Lorsqu'ils compteront les voix aujourd'hui ou demain et qu'ils retireront le texte car ils s'apercevront qu'il ne pourra pas passer, alors la vraie négociation commencera", a-t-il dit sur MSNBC mercredi matin.
A quelques mètres de l'hémicycle mardi, le républicain Chris Collins expliquait quant à lui à un groupe de journalistes que parmi la vingtaine ou la trentaine d'élus qui déclarent aujourd'hui être dans le camp du "non", certains pourraient au final se sacrifier et voter "oui" au dernier moment, pour épargner au parti majoritaire une humiliation majeure.
Les républicains de l'Etat de New York comme lui ont d'ailleurs obtenu une concession fiscale importante pour les comtés de New York et soutiennent désormais le texte.
L'épreuve de jeudi est d'autant plus importante que Donald Trump a mis tout son poids dans la balance.
Il a reçu à la Maison Blanche des dizaines de parlementaires ces dernières semaines, et est allé lui-même au Capitole mardi pour adresser un message d'avertissement: en cas d'échec, les électeurs sanctionneront les républicains et pourraient faire basculer le Congrès du côté démocrate aux législatives de mi-mandat, en novembre 2018.
Le président a aussi sous-entendu qu'il pourrait s'en prendre personnellement aux élus qui le défieraient, promettant à l'un d'eux, Mark Meadows: "Oh Mark, je ne te laisserai pas tranquille..."
Après la suspension par la justice des deux versions de son décret migratoire, le président américain a besoin de montrer des résultats concrets.
Jusqu'à présent, il n'a promulgué que quelques abrogations de réglementations de l'ère Obama et une loi consensuelle sur la Nasa.
S'il triomphe jeudi, une phase encore plus délicate s'ouvrira au Sénat la semaine prochaine, où le texte est sous sa forme actuelle assuré d'une défaite, et sera amendé. Là encore, Donald Trump devra prouver sa capacité à rassembler son camp.
Avec AFP