Après "quelques heures" d'interruption, les activités ont repris "de manière partielle et progressive" dans l'après-midi, a indiqué la compagnie nationale tunisienne dans un communiqué.
"Il y aura des poursuites, c'est regrettable et ce sera douloureux", a dit devant la presse le PDG de Tunisair, Elyes Mnakbi. Mais "notre pays ne peut plus supporter ces dépassements, et qui dit Tunisair dit économie nationale".
En matinée, la compagnie avait annoncé la suspension "jusqu'à nouvel ordre" de tous ses vols -une mesure rare- du fait de "tensions" ces dernières semaines entre pilotes et mécaniciens.
Des médias locaux ont rapporté qu'une bagarre avait éclaté peu auparavant entre personnels navigant et technique au départ d'un vol à destination de Paris.
Des renforts policiers ont été envoyés à l'aéroport de Tunis-Carthage et une cellule de crise mise sur pied.
Jamel Chrigui, le secrétaire général de Tunisair, a promis que "des suspensions provisoires et d'autres mesures techniques" seraient "prises pour que cet incident ne se reproduise plus".
Il est d'autant plus regrettable, selon le PDG de la compagnie, que "nous avons remarqué une certaine amélioration au niveau des retards et des vols, mais ces derniers jours nous avons eu ce problème de conduite". "Cela a commencé par de la violence verbale puis c'est devenu" physique.
Le litige entre pilotes et techniciens porte initialement sur une question d'uniforme.
Le mois dernier, "une filiale de la compagnie a mis à disposition des mécaniciens de nouvelles tenues semblables à ceux des pilotes, il n'y a pas eu concertation", a expliqué à l'AFP un responsable du syndicat UGTT, Imed Fatah.
"Nous appelons les deux parties à tout faire pour apaiser cette tension", a ajouté M. Fatah, responsable syndicale pour l'Ariana, banlieue où se situe le siège de Tunisair.
La compagnie a fait valoir que des "discussions avec les parties syndicales" et des "mesures transitoires fermes" -dans l'attente des "résultats d'une enquête administrative"- avaient permis une reprise du trafic.
Elle a toutefois prévenu de la "poursuite de perturbations".
Départs à la retraite
Interrogés par l'AFP, des passagers ont exprimé leur dépit.
"Notre pays (...) doit s'éloigner de ces conflits. Ce n'est pas normal qu'un conflit entre personnels aboutisse" à cela, a déclaré Hamdi Fredj, un Tunisien vivant en Autriche.
L'affaire, qui a provoqué un tollé, intervient à un moment où Tunisair tente de s'extraire des difficultés financières ayant suivi la révolution de 2011. Elle a été en particulier affectée par la crise du tourisme après les attentats du musée du Bardo et de Sousse, en 2015.
Des rumeurs de suppressions d'emplois ont couru en 2016, qui a toutefois marqué un léger redressement: en fin d'année, la compagnie a fait état d'une hausse de près de 10% de son trafic passagers sur un an.
Un plan de non remplacement de départs à la retraite -à hauteur de 400 emplois (sur plusieurs milliers)- est désormais privilégié, selon le responsable de l'UGTT.
Tunisair dispose d'une flotte de 29 appareils et propose des vols quotidiens vers l'Europe, l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Amérique du nord.
En décembre, elle est parvenue à vendre à Turkish Airlines, pour 73 millions d'euros, un A340 initialement destiné à l'ex-président Zine el Abidine Ben Ali. Le coût de son stationnement à Bordeaux (France) pesait sur les comptes de l'entreprise.
Avec AFP