Rassemblés à l'appel du syndicat national des forces de sécurité intérieure, les manifestants, habillés en civil, ont dénoncé une "injustice" après l'échec de négociations avec le gouvernement, et scandé des slogans hostiles au Premier ministre Habib Essid.
"Nous sommes ici pour réclamer nos droits et nous sommes prêts aux sanctions, aux procès et à être emprisonnés (...). Aujourd'hui est le début de la révolution réelle des hommes de l'institution sécuritaire et pénitentiaire", a dit à la foule Chokri Hamada, porte-parole du principal syndicat des forces de l'ordre du pays.
"Nous réclamons les mêmes salaires que l'institution militaire. Ce n'est pas logique d'avoir la même tâche, d'avoir le même grade et de ne pas avoir le même salaire", a expliqué à l'AFP Mohamed, un manifestant.
Des protestataires ont enlevé les barricades encerclant le siège du gouvernement et sont montés sur les fenêtres du palais gouvernemental, selon un journaliste de l'AFP.
Depuis des mois, le syndicat réclame une majoration salariale au profit des agents des forces de l'ordre, faisant valoir l'augmentation du coût de la vie mais aussi la difficulté croissante de leur tâche, dans un pays à la fois ciblé par des attentats djihadistes et théâtre de multiples mouvements sociaux.
Fin janvier, des centaines de policiers avaient ainsi déjà manifesté pour les mêmes motifs devant le palais présidentiel à Carthage, près de Tunis, jugeant la majoration proposée par le gouvernement insuffisante.
Cité dans un procès-verbal, un responsable mandaté par la présidence du gouvernement lors de récentes négociations tenues au ministère de l'Intérieur a estimé le coût des hausses de salaires demandées à près d'un milliard de dinars (450 millions d'euros).
Depuis la révolution de 2011, les mouvements sociaux se sont multipliés. Selon les statistiques de l'Observatoire social tunisien (OST), plus de 1.500 mouvements de protestation ont été enregistrés le mois dernier, malgré l'état d'urgence en vigueur dans le pays du fait de la menace djihadiste.
Ce mois de janvier a été marqué par la plus importante contestation sociale depuis 2011, à la suite du décès d'un jeune chômeur durant une manifestation pour l'emploi à Kasserine, dans le centre défavorisé.
AFP