"En ce moment, l'Allemagne est devenue l'un des plus importants pays en ce qui concerne l'hébergement des terroristes", a lancé M. Erdogan dans un discours enflammé à Ankara. "Vous allez rester dans l'histoire comme un pays qui accueille des terroristes", a-t-il insisté.
M. Erdogan a affirmé que les autorités turques avaient transmis à Berlin plus de 4.000 dossiers de demande d'extradition après le putsch manqué du 15 juillet, sans obtenir de réponse favorable.
Après la tentative de coup d'Etat, les autorités turques ont lancé de vastes purges dans l'armée, l'éducation et les médias, notamment, dont l'ampleur a suscité l'inquiétude en Occident.
La chancelière allemande Angela Merkel a qualifié mercredi d'"alarmantes" les mesures prises par le pouvoir turc contre les médias, qualifiant de "triste évolution" l'arrestation de journalistes du quotidien d'opposition turc Cumhuriyet.
"Regardez-les. Ils se lèvent et nous font la morale: +Nous sommes préoccupés+, disent-ils. Eh bien, l'Allemagne, nous, c'est votre attitude qui nous préoccupe", a répliqué M. Erdogan jeudi.
Ankara accuse un prédicateur musulman exilé aux Etats-Unis, Fethullah Gülen, d'avoir fomenté la tentative de coup d'Etat, ce que l'intéressé dément catégoriquement.
M. Gülen dirige un réseau d'écoles, d'ONG et d'entreprises baptisé "Hizmet" ("service", en turc). Les autorités turques y voient une organisation terroriste qu'elles ont nommée FETÖ, pour "Organisation terroriste des partisans de Fethullah".
Si M. Erdogan n'a pas précisé qui était concerné par les demandes d'extradition d'Ankara, nombre de proches du réseau de M. Gülen ont trouvé refuge en Allemagne, selon les médias turcs.
"L'Allemagne est en train de devenir l'arrière-cour de FETÖ, cela nous préoccupe", a déclaré M. Erdogan, qui a accusé Berlin de "prendre sous son aile" les membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et du Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C), deux organisations classées "terroristes" par Ankara.
"Je l'ai toujours dit, les groupes terroristes sont comme des scorpions: ils finissent toujours par se retourner et par piquer ceux qui les portent sur leur dos", a mis en garde le président turc.
Avec AFP