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Turquie : Istanbul interdit la gay pride en invoquant la sécurité


Le président Recep Tayyip Erdogan de la Turquie parle avec des étudiants de l'Université Sabahattin Zaim à Istanbul, 5 juin 2016. (Yasin Bulbul, Presidential Press Service / Pool via AP)
Le président Recep Tayyip Erdogan de la Turquie parle avec des étudiants de l'Université Sabahattin Zaim à Istanbul, 5 juin 2016. (Yasin Bulbul, Presidential Press Service / Pool via AP)

La parade des homosexuels, gay pride, prévue fin juin dans la plus grande ville de Turquie est, selon le gouvernorat d'Istanbul, interdite afin de "préserver la sécurité et l'ordre public".

Les organisateurs ont immédiatement affirmé vouloir contester en justice la décision des autorités d’Istanbul.

Un groupe d'ultra-nationalistes, les Foyers d'Alperen, avait demandé en début de semaine aux autorités d'annuler l'événement phare de la communauté LGBT (lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre) qui a lieu tous les ans dans la métropole, avertissant qu'il se chargerait lui-même de l'empêcher si son appel n'était pas entendu.

La Turquie est par ailleurs touchée depuis le début de l'année par une série d'attaques meurtrières jihadistes ou liées au radicalisme kurde, dont un attentat-suicide sur la grande artère commerçante d'Istiklal, à Istanbul, qui avait tué des touristes et a été imputé à l'organisation Etat islamique.

Le gouvernorat a indiqué dans un communiqué avoir eu connaissance du projet de gay pride pour le 26 juin, en plein ramadan, mais a appelé la population à y renoncer et à prendre en compte les avertissements émis par les forces de sécurité.

"Aucune permission ne sera accordée pour une (...) rencontre ou un défilé afin de sauvegarder la sécurité et l'ordre public", a déclaré le gouvernorat, appelant ses "chers habitants d'Istanbul (...) à tenir compte de l'avertissement des forces de sécurité".

'Violer les lois'

Accusant le gouvernorat de "violer la Constitution et les lois", les organisateurs ont immédiatement annoncé sur Facebook qu'ils allaient saisir la justice dans l'espoir de maintenir la marche.

"Dans son communiqué de presse, le gouvernorat d'Istanbul a invoqué les menaces contre le défilé. Nous leur rappelons ceci une nouvelle fois: le devoir de l'Etat, ce n'est pas d'empêcher (les citoyens) d'user de leurs droits, mais d'ôter tout obstacle à l'usage de leurs droits".

"En tant que Comité de la semaine de la fierté, nous réaffirmons que nous allons suivre le processus légal et saisir les instances judiciaires", indique le texte.

La traditionnelle "marche des fiertés" d'Istanbul a eu lieu à 12 reprises sans incidents ces dernières années le dernier dimanche de juin, réunissant des milliers de personnes militant pour la défense des droits des minorités LGBT, et est devenue la plus importante du genre dans un pays musulman du Moyen-Orient.

Mais l'an dernier, la police avait tiré des balles en caoutchouc, des grenades de gaz lacrymogène et fait usage de canons à eau contre les participants, avant même que le défilé -- tombant lui aussi en plein ramadan -- ne commence, afin de les pousser à se disperser.

"Nous ne les laisserons pas défiler", a averti jeudi, au nom "des valeurs religieuses", Kürsat Mican, le président des Foyers d'Alperen sur Twitter.

"Nous ne voulons pas qu'ils déambulent à moitié nus, des bouteilles d'alcool à la main dans cette ville sacrée abreuvée du sang de nos ancêtres", a indiqué" le responsable ultra-nationaliste, cité le même jour par le quotidien Hürriyet.

La gay pride stambouliote devait se tenir le 26 juin le long d'Istiklal avant de se terminer sur la place Taksim, couronnant une semaine de célébrations de la communauté homosexuelle et transgenre.

Si l'homosexualité n'est pas punie par la loi en Turquie, les gays et transgenres se plaignent de discriminations de la part d'une société toujours très largement conservatrice.

Avec AFP

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