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Un groupe d'extrême droite veut bloquer les ONG en Méditerranée, mobilisation pour le stopper


Des travailleurs de MSF consolent un migrant en sanglots à bord du MV Aquarius où 193 personnes et deux cadavres ont été récupérés à environ 22 milles au nord de Sabrata, au large de la Libye, le 13 janvier 2017.
Des travailleurs de MSF consolent un migrant en sanglots à bord du MV Aquarius où 193 personnes et deux cadavres ont été récupérés à environ 22 milles au nord de Sabrata, au large de la Libye, le 13 janvier 2017.

Le réseau européen d'extrême droite Génération Identitaire affirme vouloir bloquer les bateaux des ONG qui secourent les migrants en Méditerranée, mais des associations se mobilisent pour l'empêcher d'arriver à ses fins.

"Les ONG sont les complices directs des passeurs", assène Pierre Larti, l'un des porte-parole de Génération Identitaire (GI) en France, estimant que les associations prennent le relais des trafiquants d'êtres humains pour aider les migrants à rejoindre les côtes du Vieux continent.

Pour lui, comme pour ses homologues européens réunis au sein du projet "Defend Europe", les personnes qui chaque jour secourent les migrants en perdition en mer sont "en fait des militants politiques acquis au tout-immigration".

Le groupuscule affirme donc vouloir bloquer les navires des ONG dans les ports européens pour les empêcher de gagner la mer: "nous nous opposerons à leurs bateaux et défendrons l'Europe", proclame son site internet en quatre langues (français, anglais, italien, allemand).

Mi-mai, à bord d'un petit bateau à moteur, une poignée de militants de GI a tenté d'empêcher l'Aquarius, un bateau de l'ONG SOS Méditerranée, de sortir du port sicilien de Catane, avant d'être arrêtés par les garde-côtes.

"Devant le succès politique et médiatique (de cette action), on s'est dit qu'il y avait un coup à jouer", explique sans ambages M. Larti.

Depuis quelques années, le groupuscule extrémiste, partout où il est implanté, cherche à se faire remarquer par des actions coup de poing, une méthode devenue sa marque de fabrique. "Nous avons pour but d'imposer les termes et les solutions du débat par nos actions médiatiques", fait valoir le militant GI.

Pour sa campagne "Defend Europe", GI cherche à rassembler fonds et volontaires. Entre 60 et 70.000 euros auraient été réunis, selon des sources internes à l'organisation.

Mais face à elle, la mobilisation s'organise et plusieurs associations oeuvrent pour bloquer la collecte organisée par le groupuscule.

Sous la pression, le service de paiement en ligne Paypal auquel Génération Identitaire avait eu recours a annoncé le gel de son compte.

- 'Des vies en danger' -

Dans la foulée, la banque Crédit mutuel où GI avait un compte a annoncé en début de semaine le dénoncer après avoir "pris connaissance des activités de cette association", selon un communiqué.

Mais cette dénonciation est soumise à un préavis de deux mois, conformément au code monétaire et financier, un délai pendant lequel l'organisation va pouvoir continuer à utiliser le compte pour sa campagne.

L'association "Some of us", une de celles mobilisées pour bloquer la collecte de GI, en appelle donc au gouvernement français pour "prendre le relais" afin de "dissoudre l'association", a expliqué à l'AFP l'un de ses porte-parole, sous couvert d'anonymat.

La semaine passée, la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) a engagé "une procédure de signalement au procureur de la République de Paris" concernant l'opération "Defend Europe".

Selon la Délégation, la démarche relève en effet de la "provocation à la discrimination à l'égard de personnes ou d'un groupe à raison de leur origine", passible d'un an de prison et de 45.000 euros d'amende et, d'autre part, "d'association de malfaiteurs en vue de commettre le délit d'entrave aux mesures d'assistance et de secours", qui peut valoir à son auteur "dix ans emprisonnement et 150.000 euros d'amende".

Pierre Larti assure, lui, que GI dispose de fonds suffisants pour lancer son action cet été. Que cette menace reste lettre morte ou non, les associations n'entendent pas rester les bras croisés.

"Nous ne pouvons pas nous permettre (...) d'observer sans rien faire, des vies sont en danger, le racisme et la haine ont des conséquences dramatiques, des vies sont perdues chaque année", souligne 'Some of us'".

"Que se passera-t-il la prochaine fois qu'ils rencontreront un bateau de migrants en haute mer? Sûrement pas un débat démocratique", ajoute l'organisation.

Selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR), près de 2.000 personnes auraient trouvé la mort depuis le début de l'année en Méditerranée en tentant de rejoindre l'Europe.

Avec AFP

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