Dans un message publié sur son compte Twitter, le journaliste américain Justin Lynch, âgé de 25 ans, affirme avoir été "arrêté et déporté" mardi par les services de sécurité sud-soudanais, sans aucune explication.
"Les agents ne m'ont pas officiellement donné de raison pour mon arrestation et mon expulsion, mais m'ont plusieurs fois dit que mes papiers étaient trop critiques à l'égard du gouvernement", a-t-il indiqué.
"Je n'ai aucun détail là-dessus, mais c'est le droit du gouvernement du Soudan du Sud", a déclaré à l'AFP le ministre sud-soudanais de l'Information, Michael Makuei. "La République du Soudan du Sud a le droit d'expulser n'importe qui", a-t-il insisté.
Justin Lynch travaillait au Soudan du Sud pour l'agence de presse américaine Associated Press (AP), et a aussi collaboré avec le Christian Science Monitor, le Daily Beast et le New Yorker. Il a écrit ces derniers mois sur les massacres, l'esclavage sexuel et la menace de génocide.
En novembre, il avait été le premier journaliste à écrire sur une série de nouveaux massacres à caractère ethnique, essentiellement par des troupes gouvernementales, dans la ville de Yei (sud).
Dans les semaines qui ont suivi, l'ONU a parlé de nettoyage ethnique dans la région et un diplomate américain a accusé les troupes gouvernementales d'y mobiliser des milices et d'y cibler des civils.
Le journaliste américain a décrit son expulsion comme une "violation de la liberté de la presse", mais a souligné le traitement bien pire infligé à ses confrères sud-soudanais "qui sont fréquemment victimes d'intimidations ou même tués".
Les journalistes sud-soudanais sont régulièrement harcelés, intimidés, battus, enlevés, parfois tués. Sept d'entre eux ont été tués pour la seule année 2015, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Le Soudan du Sud pointe à la 140e place sur 180 pays, en baisse de 15 places par rapport à 2015, dans le classement 2016 de la liberté de la presse de RSF.
Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, est le théâtre depuis décembre 2013 d'une guerre ayant fait des dizaines de milliers de morts. Un affrontement provoqué par la sanglante rivalité entre le président Salva Kiir et l'ancien vice-président Riek Machar.
Avec AFP