La diffusion de cette video lundi intervient au lendemain de la publication par le groupe Etat islamique (EI), via son agence de propagande, Amaq, de l'acte d'allégeance d'Adnan Abou Walid Sahraoui, chef d'une dissidence du groupe de Belmokhtar, Al-Mourabitoune, et qui avait affirmé en mai 2015 détenir l'otage roumain.
Le fait que cette vidéo émane d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), auquel Belmokhtar s'est rallié en novembre 2015, atteste que l'otage se "trouve bien entre les mains du groupe de Mokhtar Belmokhtar", a indiqué à l'AFP le directeur de l'agence Al-Akhbar, El-Heiba Ould Cheikh Sidaty, connue pour recevoir et diffuser régulièrement des communiqués des groupes jihadistes du Sahel.
Sa diffusion pourrait être motivée par la volonté de fournir "une preuve de vie", la première depuis plus d'un an, en vue d'éventuelles négociations entre Aqmi et l'Etat roumain, a souligné M. Ould Cheikh Sidaty.
Identifié sur cette vidéo comme Iulian Ghergut, l'otage porte une barbe très fournie, parle un français marqué d'un fort accent et affirme que la séquence est enregistrée le 21 septembre. Il dit être en bonne santé.
"La cellule de crise qui gère la situation du ressortissant roumain kidnappé au Burkina Faso a pris note de la diffusion le 31 octobre 2016 d'une vidéo du ressortissant roumain Iulian Ghergut. Des vérifications sont en cours vis-à-vis de l'authenticité de cet enregistrement", a réagi le ministère roumain des Affaires étrangères dans un communiqué.
"Le lancement d'un tel message dans l'espace public s'inscrit dans le cursus habituel de ce type de situation", a ajouté le ministère, en allusion à une possible vonlonté de faire pression sur l'opinion publique.
Officier de sécurité dans une mine de manganèse de Tambao, dans le nord du Burkina Faso, près des frontières avec le Niger et le Mali, enlevé le 4 avril 2015, l'otage assure penser à sa famille et lui demande, ainsi qu'au gouvernement roumain, de tout faire pour sa libération.
Adnan Abou Walid Sahraoui avait fait allégeance à l'EI en mai 2015 - déclaration aussitôt qualifiée de "nulle et non avenue" par la tendance de Belmokhtar, qui réaffirmait sa fidélité à Al-Qaïda - mais ce n'est que dimanche que le groupe dirigé par Abou Baqr al-Baghdadi en a officiellement pris acte.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes. Longtemps concentrées dans le Nord, les attaques jihadistes se sont étendues à partir de 2015 vers le centre, puis le sud du pays.
Longtemps préservé de la violence jihadiste, le Burkina Faso, limitrophe du Mali et qui a joué un rôle important dans le processus de paix dans ce pays, est entré depuis 2015 dans un cycle d'enlèvements et d'attentats, surtout dans sa région septentrionale.
Après le rapt de M. Ghergut, un couple de médecins australiens - dont l'épouse a depuis été libérée - avait été enlevé en janvier 2016 à Djibo, dans le nord du Burkina Faso.
Avec AFP