Parmi les conditions pour participer à la loterie du visa américain, figure la possession d’un passeport en cours de validité, un document dont ne dispose qu'une infime partie de la population togolaise.
Ils sont donc quotidiennement des milliers d'usagers à faire le pied de grue devant le service des passeports de Lomé dans l'espoir de se faire établir le précieux document de voyage.
Avec la loterie du visa américain, le service des passeports se retrouve quotidiennement avec plus 2000 requérants. Les premiers venus étant les premiers servis, il faut arriver très tôt.
Certains usagers préfèrent venir dormir devant les locaux du service, comme le confie ce jeune étudiant à VOA Afrique. "Nous sommes venus pour faire le passeport. Nous étions là la veille à 23h. J’étais le 129e sur la liste", a-t-il témoigné.
Le passeport ne se délivrant qu’à Lomé, les requérants de l’intérieur du pays sont obligés de faire le déplacement jusqu'à la capitale togolaise. Doris est une jeune diplômée en gestion commerciale d'Aneho voulant tenter l’aventure américaine.
"Je suis venue depuis 3h du matin pour faire mon passeport. J’ai quitté Aného - Aného-Lomé, ça fait 50 kilomètres - pour venir faire le passeport. Et déjà à 1h30, j’ai quitté Aného pour ici. Je suis arrivée à 3h et voilà, je quitte à 13h", relate la jeune femme de 25 ans.
Déjà, à 5h du matin, les premiers requérants sortent des locaux du service des passeports le sourire aux lèvres. Après beaucoup de patience et des heures dans d’interminables queues, Isaac Nounifou, a réussi à déposer sa demande de passeport.
"Je suis arrivé pour faire mon passeport, j’ai pu faire le dépôt. Je suis arrivé à 3h du matin, il y avait déjà des listes. Ça n’a pas été facile, mais cela a abouti quand même", exhulte Isaax Nounifou.
Cette soudaine affluence a bousculé les habitudes au niveau du service des passeports. Les journées de travail y sont désormais de 4h à 20h. Entre 1.000 et 1.300 dossiers y sont enregistrés tous les jours ouvrables. 90% de ceux qui se bousculent devant les locaux font la requête pour pouvoir participer à la loterie du visa américain.
La jeune Doris explique que les conditions de vie au Togo l’ont contrainte à se tourner vers le pays de l’oncle Sam.
"On n’arrive plus à supporter les conditions dans lesquelles nous vivons. On ne peut rien réaliser avec tous ces salaires minables qu’on nous donne. J’ai ma licence en gestion commerciale; je suis employée dans une agence de commerce et je gagne 35.000 francs CFA (environ 60$, ndlr)", explique-t-elle.
Pour d’autres, la loterie du visa américain est une chance à saisir. "J’aimerais faire le passeport pour aller aux Etats-Unis et continuer mes études et, pourquoi pas, travailler", explique Aline N’sougan. "L’étranger offre de meilleures chances pour trouver un emploi décent une fois qu’on décide de revenir s’installer au pays". soutient-elle.
L’affluence constatée au niveau du service des passeports contraste avec le "désert" observé du côté des kiosques et cybercafés qui offrent leur service aux postulants de la loterie du visa. Des structures qui, les années précédentes, était submergées à pareille époque.
"Cette année, il n’y a pas d’affluence comme les éditions précédentes. Tout cela est dû à l’introduction du passeport pour pouvoir candidater à la loterie du visa. Donc, depuis que ça a commencé, on reçoit 3 à 5 personnes par jour", constate Yaovi Egueh.
La validité d’un passeport au Togo est de 5 ans. Ceux qui ne pourront pas obtenir leur document de voyage avant le 5 novembre pourront toujours tenter leur chance à la loterie américaine de l’année prochaine.