Kahindo Tumaini, mère de famille et agricultrice dans le territoire de Rutshuru, explique que cette chenille cause des dégâts dans ses champs depuis un certain temps et qu'elle est souvent très dangereuse pendant la période de sécheresse. Elle soutient que depuis l'apparition de cet insecte dévastateur, sa production agricole a diminué.
" Lorsque nous cultivons le maïs et que la chenille s'y introduit, dans un champ où l'on pouvait récolter 10 sacs, on n'en récolte que quatre. C'est ainsi que l'on constate que la chenille nous apporte la famine dans la région. Elle s'attaque souvent à nos semis en période de sécheresse", confie Mme Tumanini.
Kahindo Kitumaini n'est pas la seule personne travaillant dans le secteur agricole à se plaindre. Djimy Miruho, un jeune agriculteur de Bweza, dans le territoire de Rutshuru, laisse entendre qu'il est également victime de cette chenille. Il assure qu'à cause de cet insecte, ses activités agricoles ne sont plus productives.
"Les insectes sont devenus nombreux et la famine s'ensuit. Je voudrais que les autorités nous aident pour que la situation se stabilise comme au bon vieux temps, car de toute façon, la famine nous menace sérieusement", s'alarme-t-il.
Changement climatique mis en cause
Coordinateur du Réseau des ingénieurs agronomes pour l'agriculture au Kivu, une structure qui travaille principalement sur le territoire de Rutshuru dans la province du Nord-Kivu, l'ingénieur agronome Jadot Mateso confirme l'existence de cet insecte. Selon lui, il s'agit d'une chenille légionnaire d'origine américaine dont la présence dans la région serait favorisée par le changement climatique.
"Certaines études que nous avons déjà réalisées montrent que la chenille en question est la Spodoptera Frugiperda, qui est le nom scientifique de la chenille. C'est une chenille légionnaire qui pourrait provenir de la région américaine. C'est une chenille qui apparaît toujours pendant la saison sèche", explique-t-il.
Besoins de nouvelles variétés
Au-delà des recommandations qu'il fait à la population pour combattre l'invasion de cette larve de papillon, M. Mateso recommande à l'Etat congolais de trouver les voies et moyens de fournir à la population agricole de Rutshuru et des autres territoires de nouvelles variétés de semences de maïs capables de résister à cette chenille légionnaire qui dévaste de vastes étendues de champs dans le territoire.
"C'est une alerte que nous lançons aux autorités pour qu'il y ait de la recherche parce qu'il y a des centres de recherche agronomique, il doit y avoir de nouvelles variétés, des variétés qui peuvent résister à l'attaque, des variétés qui peuvent, n'est-ce pas, améliorer la production dans la zone qui est le territoire de Rutshuru", suggère-il.
À part le maïs, la chenille légionnaire attaque également le sorgho et le riz.