En effet, sous le prétexte de laisser son nom dans l'histoire, nombreux sont les Béninois qui pendant les funérailles sortent le grand jeu, financent à coup de plusieurs millions les cérémonies (de mariage ou deuil) au cours desquelles boissons de toutes sortes, mets les uns les plus copieux que les autres sont partagés.
Le député Nazaire Sado affirme vouloir freiner les dégâts occasionnés lors de ces cérémonies où les gens préfèrent s'endetter dans le souci de paraître.
"Les funérailles et autres cérémonies au Bénin restent de véritables moments de folles dépenses où certains par envie de montrer qu'ils sont capables s'endettent à des taux usuriers, vendent leurs biens pour paraître en espérant combler leur poche avec les enveloppes financières qui leur seront données. Mais malheureusement la majorité de ces cérémonies onéreuses laissent après un goût amer face à l'étendue des dettes, " explique le député Sado.
Que disent les Béninois sur cette proposition de loi?
Certains Béninois ont du mal à comprendre comment il était possible de passer de la tristesse la plus grande à la réjouissance la plus intense pendant les funérailles.
C'est le cliché que projettent bon nombre de funérailles où les pleurs au cimetière en l'espace de deux heures laissent place au fou rire, à la danse et aux chants de joie.
Beaucoup mettent même en gage leurs biens les plus précieux dans le souci de montrer leur force de frappe et enterrer avec faste leur proche décédé. Ils souhaitent que la postérité parle d'eux et de leur capacité à organiser des fêtes mémorables.
C'est donc pour recadrer les choses que tout en se basant sur une ordonnance de 1967 sur les cérémonies ruineuses, le député Nazaire Sado dit avoir réfléchi sur une proposition de loi capable d'empêcher que les pauvres s'endettent pour paraître.
Les débats n'ont pas encore eu lieu sur cette proposition de loi mais l'opinion publique reste divergente sur la nécessité d'une telle loi qui, une fois votée, pourrait contraindre les Béninois à ne dépenser que 500.000 FCFA pour les funérailles et 600.000 FCFA pour les mariages.
La loi interdirait aussi la consommation d'alcool et les grandes réjouissances dans le cadre des funérailles qui dans certaines contrées du Bénin durent plusieurs semaines.
Cette proposition de loi est d'une telle incongruité, estime Fréjus est journaliste.
Ibrahim Lawani est un jeune entrepreneur, la trentaine environ, il pense que cette loi va à l'encontre des libertés si elle arrivait à être votée. Pour lui l'État ne devrait pas contrôler jusqu'aux dépenses effectuées pendant les cérémonies.
Olivier est un infirmier exerçant en campagne. Il dit avoir été le témoin de ces cérémonies onéreuses pendant lesquelles des personnes qui ordinairement ne peuvent joindre les deux bouts s'endettent pour montrer de quoi ils sont capables. À son niveau cette proposition de loi est intéressante.
Michel quant à lui reconnaît l'exagération dont font montre certains par orgueil ou suivisme. Mais au lieu de passer par une loi pour conscientiser, il propose une sensibilisation.
Le député dit être résolument engagé pour le vote de cette loi pour corriger une situation qui va en contradiction avec l'image de pays en voie de développement qu'on projette.
Ginette Fleure Adande à Cotonou pour VOA Afrique