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Tillerson va exiger des alliés de l'Otan qu'ils dépensent plus pour leur budget défense


Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson le 23 mars 2017.
Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson le 23 mars 2017.

Pour sa toute première réunion de l'Otan vendredi, le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson va exiger des alliés européens qu'ils dépensent plus pour leur défense, en plein doute sur l'engagement du président Donald Trump pour la sécurité du Vieux continent.

A la veille de cette réunion à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères des 28 pays de l'Alliance atlantique, le très discret Rex Tillerson sera jeudi en Turquie - également membre clé de l'Otan - pour resserrer les rangs avec le président Recep Tayyip Erdogan dans la lutte antijihadistes en Syrie.

Cette ministérielle de l'Otan avait failli provoquer un couac diplomatique lorsque M. Tillerson avait fait savoir la semaine dernière qu'il n'y assisterait pas aux dates initialement prévues des 5 et 6 avril, invoquant une possible visite aux Etats-Unis du président chinois Xi Jinping.

Devant le malaise provoqué par l'éventuelle absence, rarissime, d'un ministre du premier pays contributeur et fondateur de l'Otan, il a fallu en catastrophe convaincre les 27 autres Etats d'avancer la réunion au 31 mars afin d'arranger le chef de la diplomatie américaine.


L'objectif est avant tout de préparer le sommet de l'Otan le 25 mai à Bruxelles, en présence du nouveau président des Etats-Unis. Ce sera pour Donald Trump son tout premier déplacement en Europe, où il verra des alliés troublés par ses déclarations fracassantes sur le "merveilleux" Brexit et sur l'Otan "obsolète".

Le milliardaire a été élu sur un programme de politique étrangère jugé isolationniste, même s'il a contesté ce qualificatif en recevant le 17 mars à la Maison Blanche la chancelière allemande Angela Merkel. Mais le lendemain, sur Twitter, il accusait Berlin de devoir "d'énormes sommes d'argent" à l'Otan et à Washington.

Précédant M. Tillerson à Bruxelles, le vice-président Mike Pence et le ministre de la Défense James Mattis avaient vanté en février la "force" du lien transatlantique.

Ils "avaient dit clairement que les Etats-Unis continueraient à jouer leur rôle pour assurer à l'Otan les capacités nécessaires à notre défense commune et à notre dissuasion", a souligné mardi un diplomate du département d'Etat.

'Part disproportionnée'

Mais "le président a été très clair et son secrétaire d'Etat le réaffirmera vendredi: les Etats-Unis ne peuvent plus maintenir une part disproportionnée des dépenses de défense et de dissuasion de l'Otan", a prévenu ce responsable.

La première puissance militaire au monde, avec un budget annuel que Donald Trump veut porter à 639 milliards de dollars, assure 68% des dépenses de défense cumulées des 28 Etats de l'Otan.

Bien avant l'arrivée au pouvoir du président républicain, Washington se plaignait d'un déséquilibre avec ses alliés européens. A la suite de ses prédécesseurs, M. Trump réclame aussi que les autres pays de l'Alliance portent une partie du "fardeau financier" en dépensant au moins 2% de leur Produit intérieur brut (PIB) en matière de défense.

Ils s'y étaient engagés lors d'un sommet de l'Otan au Pays de Galles en 2014.

"Il est essentiel que les alliés honorent leurs engagements", a insisté le diplomate américain, avertissant que Rex Tillerson allait "pousser très fort" dans ce sens. Il n'a toutefois pas dit ce que les Etats-Unis feront si l'objectif des 2% n'est pas atteint dans les prochaines années.

L'Alliance atlantique, fondée en 1949 par une dizaine de pays occidentaux, discutera également de la Russie et de l'Ukraine.

Des consultations entre ambassadeurs auront lieu jeudi dans le cadre d'un Conseil Otan-Russie, une instance de dialogue créée en 2002, mais mise en sommeil en 2014 après l'annexion par Moscou de la péninsule ukrainienne de Crimée et le conflit armé entre Kiev et des rebelles prorusses dans l'est de l'Ukraine.

Dialogue Otan-Russie

A l'époque, l'Alliance avait aussi gelé sa coopération civile et militaire avec Moscou, mais le Conseil Otan-Russie a été réactivé il y a près d'un an pour relancer un dialogue politique.

Rex Tillerson, un proche du président russe Vladimir Poutine lorsqu'il était PDG du pétrolier ExxonMobil, "discutera avec les alliés de notre engagement pour renforcer la sécurité dans l'est de l'Ukraine et de la nécessité pour l'Otan de continuer de pousser la Russie à cesser d'agresser ses voisins et à respecter les accords (de paix) de Minsk", a martelé le responsable du département d'Etat. Le secrétaire d'Etat et son homologue ukrainien Pavlo Klimkine devraient aussi se voir au sein d'une Commission Otan-Ukraine pour réaffirmer le soutien de l'Alliance à Kiev.

Avant Bruxelles, Rex Tillerson est attendu jeudi à l'aube à Ankara pour parler avec le président Erdogan de la guerre en Syrie. Les alliés turc et américain ont des désaccords sur le rôle de milices kurdes, au sein d'une coalition arabo-kurde, dans la reconquête de Raqa, le fief du groupe Etat islamique.

Avec AFP

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