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Tillerson à Londres pour relancer une "relation speciale" à rude épreuve


Le secretaire d'Etat américain Rex Tillerson lors du conseil de sécurité de l'ONU, à New York, le 15 decembre 2017.
Le secretaire d'Etat américain Rex Tillerson lors du conseil de sécurité de l'ONU, à New York, le 15 decembre 2017.

Le secrétaire d'Etat américain a tenté lundi à Londres de relancer une "relation spéciale" entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni mise à rude épreuve depuis l'élection de Donald Trump et encore entachée par l' annulation d'une visite du président américain.

"Relation spéciale": le chef de la diplomatie américaine, ses conseillers et ses interlocuteurs britanniques n'avaient que cette expression à la bouche lors de cette visite de quelques heures pour évoquer les crises syrienne, iranienne ou encore la guerre au Yémen.

"On passe beaucoup de temps à parler des problèmes du monde" et "on oublie parfois l'importance de notre propre relation", a lancé Rex Tillerson lors d'une rencontre avec son homologue britannique Boris Johnson. "Nous chérissons cette relation", mais "nous devons la soigner", a-t-il reconnu.

Son hôte a estimé qu'il était "toujours utile de rappeler à quel point la relation entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni est absolument fondamentale", y compris "pour notre économie".

Rex Tillerson avait auparavant brièvement rencontré la Première ministre Theresa May, qui s'est chargée de lui rappeler "l'engagement du Royaume-Uni en faveur de l'accord nucléaire iranien", selon un communiqué de Downing street, un point de divergence entre les deux pays.

Après des débuts sur une note positive lors de l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche il y a un an, les échanges entre les deux alliés historiques se sont considérablement refroidis au fil des mois.

Donald Trump et Theresa May avaient eu une passe d'armes inédite en novembre, quand le milliardaire républicain avait retweeté des vidéos anti-islam mises en ligne par la vice-présidente du groupe d'extrême droite Britain First, provoquant une vive réaction de la Première ministre britannique. Le président américain avait alors apostrophé directement la cheffe du gouvernement britannique sur Twitter.

La nouvelle ambassade des Etats-Unis à Londres est au coeur du dernier couac en date: l'annulation soudaine par Donald Trump de sa visite destinée à l'inaugurer en février. Le président américain a critiqué un bâtiment jugé coûteux et excentré, mais il risquait aussi d'être accueilli à Londres par des manifestations hostiles.

C'est donc Rex Tillerson qui est venu lundi admirer discrètement cet imposant cube aux allures futuristes, mais sa visite a illustré l'embarras américain.

- 'Shutdown' -

Contrairement au programme initial et à la tradition lorsqu'un secrétaire d'Etat se rend dans la mission diplomatique américaine lors de ses voyages à l'étranger, la presse a été en grande partie tenue à l'écart. Elle n'a pu qu'observer l'arrivée de Rex Tillerson à l'extérieur du bâtiment flambant neuf.

Officiellement, cette discrétion est liée au fait que l'ambassade et ses employés sont soumis au "shutdown" du gouvernement fédéral aux Etats-Unis, cette fermeture partielle des services publics due à l'impasse du Congrès américain dans sa quête d'un accord budgétaire.

Mais dès avant la venue du chef de la diplomatie américaine, le département d'Etat avait assuré que sa visite à l'ambassade, ouverte depuis une semaine, ne donnerait lieu à aucune inauguration ou cérémonie officielle, invoquant des travaux toujours en cours.

Rien de tel lundi, hormis quelques échaffaudages latéraux et des travaux dans les jardins, a constaté un journaliste de l'AFP.

Une cérémonie d'inauguration aura bien lieu "mais il n'y a aucune urgence, on le fera au bon moment", a dit à des journalistes l'ambassadeur des Etats-Unis Woody Johnson.

Signe des tensions entre les deux pays, Boris Johnson a dû se fendre dimanche d'une tribune dans la presse pour appeler les Britanniques à accueillir Donald Trump, qui ne s'est pas encore rendu au Royaume-Uni.

Tout report d'un voyage du "président élu de la plus grande et de la plus puissante démocratie du monde" nuirait "à la relation économique la plus extraordinaire" du Royaume-Uni, a-t-il plaidé.

Les efforts pour afficher un certain réchauffement restent aussi soumis aux aléas du calendrier politique américain. Theresa May doit en effet théoriquement rencontrer Donald Trump lors du forum économique de Davos en fin de semaine, nouvelle occasion de "renforcer la relation spéciale" selon la Maison Blanche.

Mais la venue en Suisse du président américain est rendue incertaine par le "shutdown".

Avec AFP

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