Ces manifestations du parti de M. Kamto, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), non autorisées par Yaoundé, "ont donné lieu à un usage disproportionné de la force par les forces de sécurité", a déclaré Maja Kocijancic, porte-parole de l'UE.
Samedi, plusieurs centaines de personnes ont marché à l'appel du MRC dans plusieurs villes du pays, en présence d'un fort déploiement des forces de sécurité.
A Douala, des vidéos de violents face-à-face entre forces de l'ordre et manifestants ont circulé sur les réseaux sociaux.
Selon des militants du MRC, "plusieurs personnes ont été blessées par balle à Douala" samedi.
"Quelques échauffourées" ont eu lieu suite à l'attitude "particulièrement agressive" de "quelques participants" à la marche, a concédé le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi samedi soir.
"Aucun coup de feu à balle réelle n'a été tiré", a néanmoins assuré le ministre.
Depuis samedi, 200 personnes ont été interpellées, selon le MRC, dont Maurice Kamto lundi soir et une majorité des cadres du parti.
Yaoundé n'en compte que 147, selon René Sadi vendredi sur RFI.
Tous font l'objet d'une enquête préliminaire pour huit chefs d'accusation dont la "rébellion", l'"incitation à la haine" et l'"hostilité à la patrie", d'après le MRC.
34 personnes interpellées samedi ont comparu vendredi devant un tribunal de Yaoundé, a constaté un correspondant de l'AFP.
Parmi eux, le MRC revendique 12 militants, les autres étant, selon leurs proches, des gens qui avaient prévu une manifestation apolitique le même jour.
Il est reproché aux 34 prévenus d'avoir participé samedi à une manifestation non autorisée, d'avoir empêché les forces de maintien de l'ordre de disperser les manifestants et de ne pas s'être retirés à la première sommation de ces forces, selon l'acte d'accusation lu lors du procès.
Tous ont plaidé non coupables. Leur procès a été renvoyé au 15 mars, sans que le fond n'ait été abordé vendredi.
Deux journalistes camerounais ont aussi été interpellés lundi soir en marge de l'arrestation de M. Kamto. Ils ont été libérés vendredi midi, a indiqué leur journal, Le Jour, à l'AFP.
Vendredi matin, M. Sadi avait indiqué sur RFI qu'ils étaient des "citoyens qui ont participé à des manifestations non autorisées" qui "passeront devant les juridictions compétentes".
Depuis l'annonce des résultats de la présidentielle, fin octobre, le MRC a plusieurs fois marché contre ce qu'il qualifie de "hold-up électoral".
D'après les résultats du Conseil constitutionnel, Maurice Kamto est arrivé deuxième (14,23% des suffrages) derrière Paul Biya, 85 ans dont 36 au pouvoir, réélu pour un septième mandat consécutif avec 71,2% des voix.
Depuis 1982, M. Biya règne en maître absolu au Cameroun, où il a tout verrouillé pour assurer son maintien à la tête du pays, s'appuyant sur l'administration et sur un parti-Etat, le RDPC.