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L'armée soutient Maduro avant une nouvelle manifestation au Venezuela


Nicolas Maduro (à droite) serre la main à son ministre de la défense, Vladimir Padrino Lopez, San Felix, Venezuela, le 11 avril 2017.
Nicolas Maduro (à droite) serre la main à son ministre de la défense, Vladimir Padrino Lopez, San Felix, Venezuela, le 11 avril 2017.

A deux jours d'une nouvelle grande manifestation de l'opposition, le président socialiste du Venezuela, Nicolas Maduro, a reçu lundi le soutien "inconditionnel" de l'armée, acteur incontournable du jeu politique dans ce pays en crise politique et économique.

"Les forces armées nationales bolivariennes (...) ratifient leur loyauté inconditionnelle envers Monsieur le président", a assuré le chef des armées et ministre de la Défense, Vladimir Padrino Lopez, lors d'un rassemblement de milliers de membres de la milice civile, organisé en présence de M. Maduro, face au palais présidentiel de Miraflores, à Caracas.

M. Maduro est un "président véritablement chaviste (du nom de Hugo Chavez, président de 1999 à son décès en 2013, ndlr) que les forces armées admirent profondément", a affirmé le général Padrino Lopez, balayant ainsi les fissures apparues ces dernières semaines dans le clan présidentiel, avec notamment de dures critiques formulées par la procureure générale de la Nation.

Coiffé d'une casquette militaire, M. Maduro l'a remercié pour cette marque de confiance: "La loyauté se paie avec de la loyauté", a-t-il lancé face aux miliciens qui l'ovationnaient.

Cette force civile armée, créée par M. Chavez en 2010, compterait 500.000 membres aujourd'hui.

Peu avant, le chef de l'Etat avait annoncé le déploiement de soldats dans tout le pays, en amont d'une nouvelle manifestation d'opposants mercredi - date anniversaire de la révolution de 1810 qui a conduit à l'indépendance du Venezuela.

'La marche des marches'

C'est aussi la date choisie par l'opposition, majoritaire au Parlement et portée par le mécontentement populaire, pour appeler à "la mère de toutes les manifestations" afin d'exiger des élections anticipées. Le gouvernement appelle pour le même jour à "la marche des marches", laissant craindre de nouvelles échauffourées.

Depuis début avril, une vague de manifestations antichavistes, marquées par de violents heurts avec la police qui ont fait cinq morts et des centaines de blessés, est organisée à travers le Venezuela pour mobiliser la population, étranglée par la crise économique de ce pays pétrolier ruiné par la chute des cours du brut.

"Fini le temps des traîtres, des trahisons, fini le temps des hésitations, que chacun se définisse: on est avec la patrie ou on est contre elle", a lancé le président vénézuélien.

Loyauté 'achetée'?

L'opposition promet, elle, que la manifestation de mercredi sera "le début de la fin" pour le chavisme, qu'elle souhaite voir éjecté du pouvoir, unique moyen, selon elle, de sortir de la crise politique et économique.

Lundi, onze pays latino-américains ont demandé au Venezuela de "garantir" le droit de manifester pacifiquement. Dans leur communiqué commun, ils "réitèrent leur refus de la violence"et expriment leur "profonde tristesse" après la mort de cinq personnes lors des dernières manifestations.

Cette vague de protestations avait été déclenchée le 1er avril, par la décision du Tribunal suprême, réputé proche de Maduro, de s'arroger les pouvoirs du Parlement, déclenchant un tollé diplomatique qui l'a poussé à faire machine arrière 48 heures plus tard.

L'opposition crie à la tentative de coup d'Etat, mais le chef des armées l'a accusée lundi de s'appuyer sur des groupes d'"extrême droite" pour mener un "programme criminel" qui incluerait "des actes terroristes, des émeutes, des pillages, du vandalisme et diverses formes de violence".

L'armée au Venezuela - 165.000 hommes et 25.000 réservistes - est un acteur crucial du rapport de force politique, comme le reflète son poids au sein du gouvernement: sur 32 ministères, 11 sont dirigés par des militaires ou d'anciens militaires.

L'opposition l'accuse d'être l'unique soutien assurant le maintien au pouvoir du chavisme.

"Chavez avait intégré les militaires dans la gestion du gouvernement et la tendance s'est approfondie avec Maduro", explique à l'AFP l'analyste Luis Vicente León.

L'armée contrôle la production et la distribution d'aliments de première nécessité, actuellement frappés par une grave pénurie, mais aussi une société pétrolière, une télévision, une banque, une usine d'assemblage automobile et une entreprise de construction.

Pour l'analyste Benigno Alarcon, le gouvernement socialiste, très impopulaire, a ainsi "acheté la loyauté" des militaires, lui permettant de garder le pouvoir "par la force".

La précédente vague de manifestations ayant secoué le Venezuela en 2014 avait fait 43 morts, selon le bilan officiel.

Avec AFP

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