Les Etats-Unis ont accusé dimanche le gouvernement du Soudan du Sud d'être responsable des dernières vicissitudes empêchant l'aboutissement des efforts pour mettre fin à la guerre civile, tout en prévenant les parties que le monde ne tolèrerait pas de retour en arrière.
M. Machar a ainsi manqué la date limite fixée par la communauté internationale pour son retour dans la capitale du Soudan du Sud, où il doit devenir vice-président en vertu d'un accord de paix. Il doit désormais arriver lundi.
Selon l'envoyé spécial américain au Soudan du Sud Donald Booth, les retards répétés suscitent des interrogations sur l'engagement des deux parties à respecter l'accord.
"C'est la troisième fois cette semaine que le projet de retour de Machar (...) a été contrecarré par l'une ou l'autre des parties", a déclaré à l'AFP le diplomate, à Washington.
"Machar est responsable de l'échec des deux premières tentatives avec des exigences de dernière minute pour un renforcement des forces de sécurité et des armes lourdes supplémentaires --des lance-roquettes-- autour de lui", a expliqué M. Booth. "Et hier (samedi, NDLR), c'est le gouvernement qui a fermé l'aéroport".
"La mise en oeuvre de l'accord de paix requiert la formation d'un gouvernement de transition --et ceci requiert le retour de Riek Machar à Juba", a-t-il relevé.
M. Booth a prévenu que le Conseil de sécurité des Nations unies devait se réunir mardi pour discuter de cette crise et que les deux parties pourraient être visées par de nouvelles sanctions internationales.
"Ils ont assurément été mis en garde", a-t-il ajouté. "Le monde entier attend d'eux qu'ils respectent leur parole et qu'ils mettent en oeuvre l'accord qu'ils ont signé en août dernier".
Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, a plongé dans la guerre civile en décembre 2013 quand des combats ont éclaté au sein de l'armée nationale, minée par des dissensions politico-ethniques alimentées par la rivalité Kiir-Machar.
Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts (le bilan exact reste inconnu) et plus de 2,3 millions de déplacés.
Selon M. Booth, le gouvernement de M. Kiir a également réclamé au dernier moment cette semaine une vérification des armes que les 195 hommes accompagnant M. Machar étaient autorisés à emporter avec eux. Ce qui avait déjà été fait par des officiers éthiopiens mandatés par les observateurs du cessez-le-feu.
"Il n'y a vraiment aucune excuse" pour cette requête, a critiqué le diplomate. "Ce qui fait vraiment s'interroger sur l'activité de cette dernière semaine et sur la volonté réelle des deux parties de procéder" avec l'accord.
Le Conseil de sécurité de l'ONU s'était dit mardi "sérieusement préoccupé" après un nouveau report du retour à Juba de Riek Machar.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon avait exhorté vendredi le chef rebelle à rentrer à Juba "sans délai", et "sans davantage de conditions, qui pourraient compromettre le fragile processus de paix et prolonger la souffrance du peuple sud-soudanais".
Avec AFP