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Yayi Boni à la VOA : "la Commission de l'UA aura un président au sommet de Lilongwe"


Thomas Boni Yayi, président du Benin
Thomas Boni Yayi, président du Benin

Après sa participation au G8 de Camp David, le président du Bénin et président en exercice de l'Union africaine a accordé une interview à la Voix l'Amérique. Yayi Boni revient entre autre sur l'escalade entre les voisins soudanais, la sécuritaire alimentaire en Afrique et le dialogue politique dans son pays.

Vous avez été invité aux Etats-Unis dans le cadre du G8 et de cette initiative contre la faim en Afrique. En êtes-vous satisfait ?

Yayi Boni : "Totalement satisfait. Ce G8 a été placé sous le signe de la renaissance et de la promotion de l'agriculture en Afrique, avec un accent particulier sur la sécurité alimentaire et la nutrition. Vous savez que c'est une question non négociable pour nous sur le continent et qui détermine tous les problèmes liés à la prospérité et au développement. Une enveloppe de 22 milliards de dollars avait été promise en 2009 à l'Aquila. Seulement 22 % des montants ont été perçus. La création de la nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire vient donc à point nommé. Au cours des cinq prochaines années elle devrait permettre de diviser par deux la pauvreté en Afrique."

Au Bénin, beaucoup craignent le retard pris dans la livraison des intrants. La campagne cotonnière est-elle menacée ?

Yayi Boni : "D'abord, il y a une reprise en main de la filière. Sous la pression des bailleurs, nous avons eu recours aux financements privés mais, à mon avis, on a poussé le bouchon trop loin. Nous avons commis cette erreur. L'État reprend le dossier en main, on ne peut pas avoir une année cotonnière blanche au Bénin. Les structures d'encadrement, qui avaient été démantelées, seront restituées et rétablies. Par la grâce de Dieu, je vous promets que le Bénin fera au moins 500.000 tonnes de coton pour cette campagne 2012-2013."

Vous êtes président en exercice de l'Union africaine, parlons de la crise entre Juba et Khartoum. Les deux pays sont-ils au bord de la guerre ?

Yayi Boni : "C’est une situation que nous déplorons. Le problème n’est pas nouveau. Nous sommes en train de prendre des mesures. Je crois que le président Béchir est disposé et il va falloir que nous nous rendions sur les lieux et je m’y rendrai très prochainement pour nous que puissions trouver des solutions."

L’Union africaine a-t-elle les moyens de contraindre les deux parties à revenir à la table des négociations ?

Yayi Boni : "Nous en avons les moyens. Vous oubliez ce que l’UA a fait dans le passé en Sierra Leone, au Libéria ou en Côte d’Ivoire. Nous sommes déterminés, nous avons la volonté politique. Aidez-nous à rassurer l’opinion publique : l’Afrique aujourd’hui est décidée à prendre en main son destin et à régler la question de sa stabilité et de la bonne gouvernance. C’est le continent où tout va se jouer dans l’avenir."

Il y a toujours un blocage institutionnel concernant la présidence de la Commission de l’Union africaine. Que comptez-vous faire ?

Yayi Boni : "On s’est séparé avec cet espoir de régler ce dossier à Lilongwe. Je vous rassurer nous allons trouver une solution."

C’est-à-dire trouver un autre candidat ? Changer la règle des deux tiers ?

Yayi Boni : "On a une solution. Nous avons arrêté une approche mais la primeur appartient à la conférence des chefs d’Etat. Mais je vous rassure : à Lilongwe, nous aurons un président de la Commission de l’UA. C’est un signal fort que nous lançons puisque même le G8 a demandé à être rassuré sur la stabilité du continent. Ils sont prêts à nous aider mais c’est à nous de prendre nos responsabilités."

Concernant le dialogue politique au Bénin, vous avez reçu au palais de la Marine Adrien Houngbedji, votre adversaire malheureux lors de la présidentielle.

Yayi Boni : "Je vais continuer à rencontrer la classe politique. Le dialogue a repris. J'y crois beaucoup et si certains n'y croient pas, je vais les surprendre. Je suis en train de préparer des reformes politiques, ce que j'ai expliqué au président Houngbedji lors de sa venue. C'est un homme que je respecte beaucoup. Je souhaite revoir le statut de l'opposition, la charte des partis politiques,etc. Je veux rationaliser la vie politique béninoise. Vous vous rendez compte, nous avons près de 200 partis politiques aujourd'hui. Il faut que chaque parti couvre l'ensemble du territoire. Je ne veux pas de parti régionaliste, de nature à détruire. Il faut un regroupement des partis."

Quelles dispositions de la constitution souhaitez-vous modifier ?

Yayi Boni : "Ce n'est pas une remise en cause, ni une suspension. Il y a deux éléments fondamentaux qu'il faut préserver : la limitation des mandats et l'âge du président. Ce débat est terminé au Bénin. Je ferai tout pour que nos dispositions constitutionnelles soient respectées. J'ai souhaite qu'on puisse constitutionnaliser la cour des comptes. De plus, la commission électorale est trop politisée aujourd'hui. Mon rêve, c'est d'avoir une commission totalement indépendante. Sans oublier la réforme de la haute cour de justice."

Donc en 2016, le Bénin aura un nouveau président.

Yayi Boni : "Et pourquoi pas ? Moi je suis en train de faire mon second et dernier mandat. En 2016, mon pays va organiser des élections transparentes pour élire son nouveau président. Moi, Yayi Boni, je serai considéré à ce moment-là comme ancien président. Et avec le recul, je pourrais alors voir les erreurs que j'ai commises car, sur cette terre, seul Dieu ne commet pas d'erreur."

Ecoutez l'intégralité de l'entretien qu'a accordé le président béninois à la Voix de l'Amérique.

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