A la surprise générale, Robert Mugabe, 93 ans, a démissionné en novembre après un coup de force militaire soutenu par la rue.
Il a été remplacé à la tête de l'Etat par un de ses anciens bras droits, Emmerson Mnangagwa, qui a pris soin d'écarter les proches de l'ex-Première dame Grace Mugabe, dont les ambitions présidentielles étaient devenues de plus en plus pressantes.
Avec la disparition de Robert Mugabe de la scène politique après trente-sept ans d'un régime autoritaire, la donne a radicalement changé pour le principal parti d'opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC).
"La tâche s'annonce ardue" pour l'opposition face à une Zanu-PF "en pleine transformation", explique à l'AFP l'analyste politique Alexander Rusero, basé à Harare.
La Zanu-PF, le parti au pouvoir depuis l'indépendance du Zimbabwe en 1980, a déjà désigné Emmerson Mnangagwa comme son candidat à la présidentielle.
Le nouvel homme fort du pays s'est engagé à lutter contre la corruption, à relancer l'économie en lambeaux et à organiser des élections présidentielle et parlementaires "transparentes" et "justes", alors que les précédents scrutins ont tous été entachés de fraudes et de violences.
De quoi susciter un immense espoir dans une population avide de changement après l'ère Mugabe.
Malgré son pedigree de cacique de l'ancien régime, M. Mnangagwa devrait pouvoir "compter sur un capital sympathie", avance Africa Research Institute dans un rapport publié la semaine dernière.
En janvier, le nouveau président a annoncé la tenue "avant juillet" des élections et fait preuve d'un optimisme à toute épreuve.
"Le pays est très paisible et attend ces élections. Je n'ai aucun doute que je vais les remporter haut la main", a-t-il assuré lors du Forum économique de Davos (Suisse).
Divisé
Face à lui, l'opposition se trouve quasiment orpheline. Son chef, Morgan Tsvangirai, opposant historique à Robert Mugabe, est très affaibli par un cancer du côlon.
Début janvier, le patron du MDC, soigné régulièrement en Afrique du Sud voisine, a suggéré qu'il allait passer la main.
"Sans Tsvangirai, il n'y a personne qui s'impose au sein ou en dehors du MDC et qui puisse avoir un impact significatif pour défier le parti au pouvoir", estime Alexander Rusero.
En 2008, Morgan Tvsangirai avait fait vaciller le régime Mugabe. Il était arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle, avant de se retirer du second tour à cause de la campagne de violences menée par le pouvoir contre ses partisans.
Dix ans plus tard, le MDC est en proie à une guerre de succession qui menace de faire éclater le parti pour la troisième fois depuis sa création en 1999.
"Bien sûr, le parti est grandement affecté par la santé du président Tsvangirai", a reconnu à l'AFP son secrétaire général, Douglas Mwonzora.
Morgan Tsvangirai "a laissé le vice-président Elias Mudzuri en charge et nous lui apportons tout le soutien possible. Certains dans l'alliance ne le respectent pas et nous les exhortons à respecter les arrangements institutionnels", a-t-il lancé.
Dans ce contexte délétère, l'alliance formée en 2017 par le MDC avec quatre partis d'opposition en vue des élections peine à mobiliser lors de ses réunions de campagne.
"Une défaite retentissante aux prochaines élections pourrait sonner la fin du MDC, en particulier si le gouvernement Mnangagwa parvient à résoudre des problèmes économiques", avance Rushweat Mukundu, un analyste de l'Institut pour la démocratie au Zimbabwe.
"Compte tenu de la confusion au sein du MDC, c'est l'état de l'économie qui représente la principale opposition pour Mnangagwa", conclut l'analyste indépendant Maxwell Saungweme.
Sorti exsangue du règne de Robert Mugabe, le Zimbabwe se trouve au bord de l'asphyxie financière et affiche un taux de chômage record, qui frappe 90% de sa population active.
Avec AFP