"Le Kenya est à une croisée des chemins, à un moment fait de dangers, mais aussi de promesses énormes", a lancé le président américain, régulièrement interrompu par les applaudissements nourris de l'auditoire, visiblement conquis, du complexe sportif de Kasarani, dans la capitale kényane.
Endossant le rôle à la fois de grand frère et d'ami bienveillant, le président américain a esquissé le futur d'un Kenya qu'il estime prêt à peser sur la scène internationale.
"Nous pouvons imaginer un tel futur pour le Kenya mais des choix difficiles devront être faits", a-t-il précisé.
Malgré les progrès, M. Obama a jugé que "des problèmes assombrissaient le quotidien" de beaucoup de Kényans, faisant notamment référence au tribalisme.
"Une politique basée sur l'appartenance à une tribu ou à une ethnie est une politique qui condamne un pays à se déchirer", a-t-il estimé.
Fin 2007 et début 2008, des violences post-électorales nourries par des rivalités ethniques avaient éclaté au Kenya, faisant plus de 1.000 morts et des centaines de milliers de déplacés.
Le président kényan Uhuru Kenyatta a un temps été inculpé pour crimes contre l'humanité devant la Cour pénale internationale (CPI) pour son rôle présumé dans ces violences. Il était alors allié au président sortant Mwai Kibaki, dont la réélection controversée avait déclenché les violences.
Cette inculpation a longtemps empêché une visite du président américain au Kenya, jusqu'à ce que les poursuites soient abandonnées fin décembre, faute de preuves suffisantes. Le vice-président kényan, William Ruto, qui se trouvait dans le camp opposé à celui d'Uhuru Kenyatta en 2007, est toujours inculpé pour crimes contre l'humanité devant la CPI.
Dimanche, Barack Obama a une nouvelle fois aussi dénoncé la corruption qui gangrène le pays.
"Le fait est que trop souvent, ici au Kenya, comme c'est aussi le cas dans d'autres endroits, la corruption est tolérée parce c'est comme ça que les choses ont toujours marché", a-t-il déclaré. "C'est un boulet qui vous tire vers le bas et vous empêche de réaliser ce que vous pourriez" accomplir.
"Les gens ordinaires doivent se lever et dire +trop c'est trop+", a-t-il martelé dans son discours de près de 40 minutes, au cours duquel il a aussi appelé à ne pas traiter les femmes comme des "citoyens de second plan".
Dénonçant les violences conjugales, les mutilations génitales et les problèmes d'accès des filles à l'éducation, le président américain a lancé: "ce sont de mauvaises traditions. Elles doivent changer, elles vous empêchent d'aller de l'avant", avant d'appeler la jeunesse du pays à prendre son avenir en main.
Avec AFP