L'ex-ministre Zweli Mkhize en embuscade en cas de chute du président Ramaphosa

Zweli Mkhize, devant les étudiants de l'Université d'Afrique du Sud à Roodeport, Afrique du Sud, le 4 octobre 2017.

Si Cyril Ramaphosa tombe, il est prêt. L'ancien ministre sud-africain de la Santé, Zweli Mkhize, est aujourd'hui le principal rival du président, embourbé dans un scandale, pour prendre les rênes du pays.

Alors que le chef d'Etat se débat avec une possible procédure de destitution, accusé d'avoir tenté de dissimuler un cambriolage au cours duquel des liasses de dollars ont été découvertes dans un canapé chez lui, le médecin de formation, 66 ans, fait campagne sans relâche.

Il est le seul autre candidat, derrière Cyril Ramaphosa, à la présidence du parti de Nelson Mandela, toujours au pouvoir trente ans après la fin de l'apartheid: L'ANC se réunit la semaine prochaine pour décider qui dirigera le pays si le parti, de plus en plus contesté, remportait les élections générales de 2024.

Dans la maison louée dans une banlieue cossue de Johannesburg où il enchaine les interviews, Zweli Mkhize avance à pas feutrés, ses mouvements comme en sourdine. Les larges baies vitrées donnent directement sur la piscine du jardin.

Entre deux entretiens, il se demande s'il devrait changer de cravate. Son assistante en tient plusieurs à disposition. Toutes vertes, noires et or, aux couleurs du Congrès national africain (ANC).

Le parti, qui choisit les chefs d'Etat depuis 1994, dégringole inexorablement dans les urnes. Mais "l'ANC reste pertinent" en dépit d'erreurs commises et de problèmes récurrents de corruption impliquant ses dirigeants, assure celui qui siège à son tout-puissant Comité exécutif national (NEC).

Lundi, il était de ceux qui ont débattu du sort de Cyril Ramaphosa lors d'une réunion au sommet. En amont d'un vote au Parlement pour déclencher ou non une procédure de destitution, l'ANC, largement majoritaire, a apporté un soutien officiel au chef d'Etat, rendant un départ forcé peu probable.

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"Pas anodin"

"Cette réunion a été menée de façon inhabituelle et bizarre. Certains membres étaient encore censés donner leur avis mais ils ont décidé de clore les discussions affirmant qu'un consensus avait été trouvé", reproche M. Mkhize. Donnant "l'impression que certaines voix devaient être tues".

"Le président dit qu'il est innocent et personne n'a de raison d'en douter", poursuit-il. Mais le fait de cacher 580.000 dollars sous les coussins d'un canapé "n'est pas anodin", glisse l'ancien ministre, sorti du gouvernement il y a près de deux ans et qui n'est pas non plus exempt de tout soupçon.

En pleine crise du Covid, il a été mis en cause dans une affaire de détournement d'environ neuf millions d'euros, dans le cadre d'un contrat irrégulier avec une société de communication chargée des campagnes de sensibilisation contre la pandémie.

"Personne n'est parfait", dit-il en se raclant la gorge, estimant toutefois que l'enquête était biaisée. Il tente encore de faire classer l'affaire.

Fronçant les yeux et faisant apparaître les rides de son front, il semble intarissable sur les réformes à mener. Il les énumère d'un ton monocorde, cherchant rarement ses mots, dans un discours articulé à l'extrême et rôdé.

"Créer des emplois" dans un pays rongé par un chômage endémique, des logements pour endiguer l'expansion de townships qui s'étendent à l'infini et "permettre aux jeunes d'acquérir les compétences nécessaires pour contribuer à l'économie".

Rien de révolutionnaire mais des projets qui sont largement restés au stade de bonnes résolutions sous le mandat de Ramaphosa, critique-t-il à demi-mot. Mais a-t-il suffisamment de soutiens pour battre ce dernier? Il l'affirme sans hésiter.

Originaire du KwaZulu-Natal (sud-est), la branche de l'ANC dans cette province stratégique du pays zoulou, qui compte le plus grand nombre de délégués, lui a apporté un soutien massif en amont de la conférence de l'ANC qui s'ouvre le 16 décembre.