Au lendemain de cet événement malheureux, le ministre de la santé Abdoulaye Diouf Sarr annonce d’éventuelles sanctions mais il a surtout reconnu qu’il y avait problème dans les hôpitaux sénégalais.
"Pour ce cas de figure, une enquête est en cours. Nous ne préjugeons de rien à priori pour déterminer effectivement des responsabilités s’il y a lieu. Et à partir des résultats de l’enquête, nous allons prendre les dispositions nécessaires. Nous sommes dans un système où il y a d’excellents professionnels mais dans ce système là aussi, il faut tous les jours se battre pour sortir ceux qui n’ont pas conscience de servir la santé du pays," déclare M. Sarr.
Mballo Dia Thiam, secrétaire général du SUTSAS, le Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale affirme que les manquements sont nombreux dans les hôpitaux
"Des fois, les collègues passent plus de 24 heures dans les structures alors que 12 heures, c’est la limite normale. Il y a un déficit de personnel, un déficit de spécialistes, les structures qui sont chargées d’accueillir ces urgences sont presque toutes dépassées parce que la capacité d’urgence est très réduite. Les urgentistes, on les compte car ils sont peu nombreux et souvent les intrants posent problèmes parce que tout est tributaire des budgets de fonctionnement," se défend M. Thiam.
De leur côté, les usagers des hôpitaux dénoncent un manque criant d’organisation dans les structures sanitaires,
"Un vigile même, vu la proximité qu’il a avec le personnel médical, arrive même à occuper un poste où il ne devait pas être. On a constaté des vigiles qui remplissent des fiches alors que cette personne-là ne peut pas remplir le rôle de l’infirmier. Un vigile n’est pas formé pour orienter un patient avec exactitude dans un département ou une pathologie. Parcourez les hôpitaux, vous allez voir des vigiles qui sont dans les bureaux ou à l’entrée ou à l’accueil" se plaint Momath Cissé, vice-président de l’association des consommateurs du Sénégal.
M. Cissé évoque également le problème de la formation et de l’encadrement du personnel sanitaire
"Il y a beaucoup d’écoles privées qui pullulent et les stagiaires qui viennent de là-bas sont des gens qui doivent être encadrés. Un stagiaire ne doit pas pleinement remplir une fiche. A n’importe quel poste qu’il dcupe, un stagiaire doit être encadré par un personnel qualifié et expérimenté," suggère le défenseur des consommateurs à VOA Afrique.
M. Thiam estime, pour sa part, que la qualité de la formation doit être une priorité pour les autorités afin d’éradiquer les manquements qui gangrènent le secteur de la santé.
"La formation a été libéralisée. Donc, il faut d’abord une réelle inspection des écoles pour voir si, dans le cadre de la formation, elles se conforment à leur cahier de charges. En tout cas, nous invitons le gouvernement à faire de l’inspection des écoles surtout paramédicales une affaire sérieuse. C’est de ce point de vue qu’on peut régler ces questions qui sont liés à des problèmes de maladresse ou simplement de mauvais comportements," déplore le secrétaire général du SUTSAS.
Malgré plusieurs programmes de prise en charge des malades notamment des enfants et des personnes âgées, le secteur de la santé publique demeure dans des problèmes d’ordre structurel qui affectent son bon fonctionnement.
Le renforcement des établissements sanitaires en ressources humaines et matérielles de qualité semble être vital pour le pays.
Reportage de Seydina Aba Gueye à Dakar pour VOA Afrique