Plus le niveau d'études est élevé plus le taux de chômage l'est aussi, une situation qui pourrait expliquer le nombre toujours élevé de jeunes qui s’investissent dans le secteur informel pour échapper au manque d'emploi.
Même si une agence nationale a été créée depuis plusieurs années pour accompagner les jeunes, beaucoup parmi ces derniers demeurent dans des situations difficiles.
"Je suis dans la filière de la vente depuis 2002. Des fois, je vends des lunettes, des fois des sacs ou autres choses. Je n’ai pas de domaine précis. Je m'active dans tout ce qui peut me rapporter quelque chose", témoigne Mor Talla, 31ans.
Il a très tôt abandonné l’école pour se lancer dans le commerce de marchandises diverses. Comme lui, beaucoup de jeunes ont déserté les salles de classe de manière précoce pour se lancer dans le secteur informel avec tous les risques que cela comporte.
"Nous n'avons pas le financement nécessaire, c'est pourquoi notre travail est difficile", confie-t-il.
"Nous sommes obligés de sacrifier nos biens pour faire avancer notre business. Des fois nous allons au village vendre une chèvre ou un mouton afin d'avoir les fonds nécessaires pour acheter de la marchandise", explique-t-il. "Nous évitons de faire des prêts dans les banques car ça peut nous être fatal vu que n'avons pas toujours des bénéfices qui nous permettent de rembourser".
Le manque de financement est le principal souci des jeunes qui s’activent dans le secteur informel.
Amadou Ba dénonce un manque d’accompagnement de l’Etat, expliquant qu'il " ne parvient toujours pas à voir une personne qui a eu accès à ses financements".
"Ces financements me posent problème, car je n’en ai jamais bénéficié et aucun de mes connaissances n'en a bénéficié. Attendre des financements de l'état c'est se leurrer", désespère-t-il.
Mouhamed Sèye estime quant à lui que l’accompagnement de l’Etat devrait s’étendre à la mise en place d’infrastructures.
"Soutenir les jeunes, c'est avant tout leur offrir des espaces où ils peuvent acquérir des compétences techniques", estime-t-il.
"Créer des usines pour avoir une main d'œuvre qualifié et fabriquer des produits locaux pour mieux dynamiser le commerce. Certes, l'Etat ne peut pas tout faire mais il serait bien qu'il offre des alternatives".
En 2017, l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (ANPEJ) a financé plus de 1500 projets pour un montant dépassant les 3 milliards de Francs CFA.
Ces financements ont déjà permis la création de 4700 emplois directs. A terme, ils devraient s’étendre à plusieurs milliers d’autres jeunes à travers le territoire national.
Seydina Aba Gueye, correspondant à Dakar