Agression contre un militant critique du président Vaz à Bissau

José Mário Vaz, président de la Guinée-Bissau, 11 avril 2014.

Legio Monteiro, membre d'une organisation de la société civile bissau-guinéenne, critique du président José Mario Vaz, a été violemment agressé vendredi dans sa résidence privée par des individus non identifiés, selon son entourage.

M. Monteiro est un dirigeant du "Mouvement citoyen conscient et non conforme", considéré comme proche du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) et qui exige depuis plusieurs mois la fin de la crise politique entre le PAIGC et M. Vaz, ainsi que sa démission.

La semaine dernière, plusieurs membres de cette organisation avaient subi une violente charge de la police au cours d'une marche de protestation, à laquelle participaient des responsables du PAIGC.

La vie de M. Monteiro n'est pas en danger, mais il été frappé à la tête et sur tout le corps, et reçoit actuellement des soins dans un endroit tenu secret, selon ses proches.

"La lutte va se poursuivre en dépit des agressions dont sont victimes nos membres", a déclaré à l'AFP Sana Canté, coordinateur du mouvement.

Cette organisation a remis jeudi à l'ambassadeur du Sénégal en Guinée-Bissau, Bacary Seck, une lettre de protestation contre la visite officielle que doit effectuer le président sénégalais Macky Sall dans le pays en mai.

"Nous considérons que Macky Sall vient donner un soutien au président Vaz. C'est pour cette raison qu'il n'est pas le bienvenu dans notre pays", a expliqué un membre de cette organisation.

La Guinée-Bissau traverse des turbulences politiques depuis la destitution en août 2015 par M. Vaz de son Premier ministre Domingos Simoes Pereira, le chef du PAIGC, auquel tous deux appartiennent.

Un nouveau Premier ministre désigné en novembre pour sortir de la crise, Umaro Sissoco Embalo, a prêté serment avec son gouvernement en décembre, mais le PAIGC l'a rejeté comme ses prédécesseurs, accusant M. Vaz d'avoir violé le dernier accord en date conclu dans le cadre d'une médiation des Etats d'Afrique de l'Ouest.

Cet accord, signé le 14 octobre à Conakry sous l'égide du chef de l'Etat guinéen Alpha Condé, prévoit une "procédure consensuelle" pour choisir un Premier ministre "ayant la confiance du président" devant rester en place jusqu'aux élections législatives de 2018.

En vertu de la Constitution bissau-guinéenne, le choix du Premier ministre revient au parti majoritaire.

Or, le PAIGC ayant perdu la majorité absolue de 57 sièges sur 102 à la suite de la fronde de 15 députés, M. Vaz veut s'appuyer sur une majorité alternative, constituée des 41 députés du Parti de la rénovation sociale (PRS), deuxième formation parlementaire, et des 15 frondeurs.

Avec AFP